Dictionnaire des compositeurs

Tous les compositeurs qui ont marqué l’Histoire de la musique.

DICTIONNAIRE DES COMPOSITEURS

Par ordre alphabétique

A

Achron Joseph : violoniste et compositeur russe (naturalisé américain en 1930), né à Losdseje (Pologne) le 13 mai 1886, mort le 29 avril 1943 à Hollywood. Fit ses études au Conservatoire de Saint-Pétersbourg dans la classe de Léopold Auer. Professeur de violon et de musique de chambre de l’Union des Artistes de Leningrad. S’expatrie aux Etats-Unis en 1925. Auteur de la célèbre Mélodie hébraïque (1911) et de nombreuses autres œuvres pour violon (le 2e concerto lui a été commandé par Jascha Heifetz, qui l’a créé en 1939).

Albinoni Tomaso : né à Venise le 8 juin 1671, compositeur, violoniste virtuose, maître de chant réputé, il se disait volontiers « dilettante veneto » (amateur vénitien), car il était de bon ton à cette époque de montrer que l’on ne comptait pas sur la musique pour gagner sa vie ! Probablement élève de Legrenzi et ami de son concitoyen Vivaldi, il était tenu en grande estime par Jean-Sébastien Bach. Ce dernier s’inspira d’ailleurs de plusieurs de ses œuvres (notamment pour écrire la Fugue en Si mineur pour clavecin, celles en La Majeur et en Fa mineur pour orgue). Officiellement mort à Venise le 17 janvier 1750, certains musicologues supposent que le certificat de décès serait celui d’un homonyme, et que sa mort daterait en fait de 1741 ou 1742. Le fait est que l’on ne retrouve aucune trace – ni aucune composition – postérieure à cette date. Il laisse 36 concertos, une douzaine de ballets, une trentaine de sonates… et une cinquantaine d’opéras (peut-être plus de 200, si l’on en croit un rédacteur du Mercure de 1731) parmi lesquels Enobia (1694), Engelberta (1709) ou encore Didone Abbandonata (1725), ce dernier ayant été interprété par le célèbre castrat Farinelli.

Allende-Saron Pedro’Humberto (CHL- 1885 / 1959) : compositeur ayant reçu le Prix National des Arts, ayant écrit un concerto pour violon (inédit).

Aspelmayer Franz (A-1728 / 1786). Auteur de sonates et d’un concerto pour violon.

Auric (F-1899 / 1983). Auteur d’une sonate pour piano & violon (1936), nommé « Commandeur des Arts & Lettres » lors de la 1ère promotion de cet Ordre (1957).

B

Bach : né à Eisenach (Allemagne) le 21 mars 1685 d’une famille de musiciens, Jean-Sébastien Bach est envoyé à Lüneburg en 1700 pour chanter dans la chorale de l’église et y jouer du violon. A 18 ans, il occupe son premier poste à Arnstadt : organiste de l’église Saint-Boniface (qui porte aujourd’hui son nom). En 1708, il est nommé organiste du Duc de Weimar, mais il participera de nombreuses fois aux cérémonies officielles en tant que violoniste et claveciniste. Maître de chapelle du Prince Leopold à Köthen en 1717, il se fixe ensuite définitivement à Leipzig sept ans plus tard. A Weimar, il écrit surtout de la musique d’église, mais à Köthen, on lui demanda de la musique profane : ces œuvres comprennent – entre autres – les six concertos brandebourgeois, les « Suites françaises » et les « Suites anglaises » (qui reflètent l’influence de Couperin), des Préludes et Fugues pour clavecin… En 1723, il est choisi pour être le « Cantor » de la Schola de Saint-Thomas. A l’apogée de son talent, il reprend ses compositions de musique sacrée. En 1747, il est invité à jouer devant Frédéric le Grand, ce qu’il considère comme l’un des événements marquants de sa vie. Mais sa vue baisse depuis des années. Opéré successivement en mars et avril 1750 de façon désastreuse, il devient complètement aveugle et reste très affaibli. Il succombe le 28 juillet 1750 à l’âge de 65 ans. Son inhumation a lieu trois jours plus tard dans l’église Saint-Jean de Leipzig. Quoique fort apprécié de ses contemporains, il était à cette époque, beaucoup plus célèbre comme organiste virtuose que comme compositeur. Un mot concernant son œuvre pour le violon : 3 Sonates et 3 Partitas pour violon seul, 6 sonates pour clavecin & violon, 2 sonates pour violon & basse continue, 2 concertos pour violon et cordes, un concerto pour 2 violons et cordes (tout cela écrit vers 1720). Mentionnons aussi un concerto en Ré Majeur pour violon & orchestre (dont on n’a retrouvé qu’une partie), un concerto pour 3 violons et un concerto pour hautbois & violon (les originaux ont été perdus : seuls des arrangements pour clavecins & cordes ont été retrouvés).

Bartók : Béla Viktor János Bartók est né le 25 mars 1881 en Hongrie à Nagyszentmiklós (situé de nos jours en Roumanie). Il prend ses premières leçons de piano à 6 ans sous la direction de sa mère, puis de László Erkel (1894 / 1899) à Pozsony (aujourd’hui Bratislava), et à l’Académie Royale de Musique de Budapest (1899 / 1903) où il fut l’élève de István Thomán (piano) et de János Koessler (composition). Ses débuts en public datent de 1891 : c’est un petit pianiste qui vient tout juste d’avoir 10 ans, interprétant une sonate de Beethoven et (déjà!) une de ses compositions (Le Cours du Danube). Mais sa 1ère œuvre importante est le poème symphonique Kossuth (nom d’un des chefs de l’insurrection hongroise de 1848, qui amena la 1ère République de ce pays) créé à Manchester en 1904 sous la direction de Hans Richter. Nommé par la suite professeur de piano au conservatoire de Budapest en 1907, il conserve ce poste jusqu’en 1934. Inspiré tout d’abord par Brahms, Dóhnanyi, Wagner, Liszt, puis Strauss, et surtout par le folklore de l’Europe centrale et des Balkans, il écrira en 1928 : « Chacune de nos mélodies populaires est un véritable modèle de perfection artistique ». Il aurait noté et enregistré (sur rouleaux phonographiques) près de 10000 mélodies hongroises, roumaines, ukrainiennes, bulgares, turques, slovaques… Citons quelques œuvres qui ont établi sa célébrité : 1 opéra Le Château de Barbe-Bleue (1911, créé en 1918), 2 ballets Le Prince de bois (1917) et Le Mandarin merveilleux (1919, créé en 1926), 2 suites pour orchestre, Musique pour cordes percussion et célesta (1936), Divertimento pour cordes (1939), Concerto pour orchestre (1943), 3 concertos pour piano, 1 pour deux pianos, 2 pour violon, 1 pour alto (inachevé à sa mort), de nombreux chants populaires, les fameuses Danses Roumaines, Danses Hongroises… ainsi qu’une Méthode de piano (1913). Dans une lettre datée d’avril 1938, il parle des « jours horribles durant lesquels l’Autriche a été attaquée… nous sommes sous la menace de voir la Hongrie se livrer aussi à ce régime de pillards et d’assassins. La question n’est plus que de savoir quand et comment. Comment après pourrais-je vivre dans un tel pays… c’est mon devoir de m’expatrier, si cela est encore possible ». Après une tournée de concerts effectuée aux Etats-Unis avec le clarinettiste de jazz Benny Goodman et le violoniste Joseph Szigeti (création de Contrastes, œuvre composée en 1938), Bartók s’expatrie pour fuir le régime nazi. Il arrive à New-York le 29 octobre 1940. Chargé de recherches à la Columbia University, il fait plusieurs conférences, donne également des cours et quelques concerts. Mais les deux années qui suivent sont très difficiles, comme le montre sa lettre du 31 décembre 1941 : « Graduellement, par mes livres et mes articles, j’arrive au rang d’écrivain anglais. Je n’aurais jamais eu l’idée que telle aurait été la fin de ma carrière. Par ailleurs, ma carrière de compositeur est pratiquement finie. Le quasi boycott de mes œuvres par les orchestres connus continue : aucune exécution d’ouvrage ancien ni nouveau. C’est une honte, pas pour moi, bien sûr ». Le 21 janvier 1943 a lieu son dernier concert public, à l’occasion duquel sa Sonate pour 2 pianos et percussion, dans sa version orchestrée, est critiquée de dogmatisme et d’aridité. Les hongrois de New-York (Frigyès, Fritz-Reiner, Szigeti…) lui apportent une aide précieuse. Grâce à eux, le chef d’orchestre russe Serge Koussevitsky lui commande le Concerto pour orchestre (1943) et le violoniste Yehudi Menuhin la Sonate pour violon seul (1944). De nombreuses autres commandes suivent alors, mais il n’a que le temps d’achever son 3e concerto pour piano. Il meurt de leucémie le 26 septembre 1945 au West Side Hospital de New-York, après avoir confié à son médecin : « Je dois partir et j’ai encore tant à faire ».

Bazzini Antonio : né le 11 mars 1818 à Brescia. Elève de Rodolphe Kreutzer. Violoniste et compositeur, il joua pour Paganini à l’âge de 18 ans. Il effectua de nombreux voyages en Allemagne (où il fit la connaissance de Mendelssohn et Schumann), au Danemark, en Espagne et en France (série de concerts à Paris en 1853). Professeur (1873) puis directeur (1882) du Conservatoire de Milan. Auteur de plusieurs pièces pour violon, dont la célèbre Ronde des Lutins. Donna son nom à un Stradivarius (probablement de 1715), qu’il conserva jusqu’à sa mort, le 10 février 1897 (à Milan).

Beethoven : né à Bonn en 1770. On connaît la date du baptême de Ludwig van Beethoven – le 17 décembre – mais pas la date précise de sa naissance (le 16 ou le 17, peut-être même le 15). Comme l’indique son nom, sa famille est d’origine flamande. C’est son grand-père, maître de chapelle de l’Electeur, qui s’établit à Bonn. Son père, également musicien de la Cour, lui enseigne le violon, le piano et l’orgue. Enfant prodige, il donne son premier concert à l’âge de 8 ans, dans l’académie de Cologne. L’année suivante, il est confié à Christian Neefe, organiste de la Cour. A 14 ans, il obtient un emploi d’organiste de la Chapelle électorale, puis celui d’altiste dans l’orchestre de la Cour. Sous la protection d’amis dévoués – tel que le comte Waldstein – il est introduit dans les familles nobles comme maître de musique. C’est à cette époque qu’il écrit ses premières œuvres et qu’il se fait apprécier comme pianiste et improvisateur. A 26 ans, ayant fait la connaissance de Haydn, Salieri, Mozart, il s’installe définitivement à Vienne, où il est applaudi dans les salles de concerts les plus aristocratiques. Malheureusement, en 1798, apparaissent les premiers symptômes de la surdité. Cette infirmité dramatique l’empêche d’enseigner, de diriger un orchestre… mais pas de composer. Sa renommée devient internationale, et il reçoit les visites de Rossini, Schubert, Weber… et du jeune Liszt. Ses dons exceptionnels, ainsi que le travail considérable accompli, font de lui l’un des plus grands compositeurs qui aient jamais existé. Toute sa musique témoigne d’une extraordinaire richesse de sentiments : joie ou douleur, tranquillité et paix, frayeurs de la guerre, gloire ou désolation. A partir de 1825, la maladie ne le lâche plus. Le foie, l’estomac ainsi que des rhumatismes le font de plus en plus souffrir. Il meurt le 26 mars 1827 à Vienne. Un cortège de vingt mille personnes suit ses obsèques. En 1888, ses restes sont exhumés et transportés au Grand Cimetière de Vienne, à côté de ceux de Schubert. Ses œuvres sont nombreuses : 2 messes, 9 symphonies, 5 concertos pour piano, un triple concerto (pour violon, violoncelle et piano), une cinquantaine de sonates, une trentaine de trios et quatuors, une centaine d’arrangements sur des chants irlandais, écossais et gallois, « Le Christ au Mont des Oliviers », « Fidélio », « Les Créatures de Prométhée » ainsi que des ouvertures et de la musique de scène pour « Coriolan », « Les Ruines d’Athènes », « Egmont ». Le Concerto pour violon (opus 61, en Ré Majeur) a été créé au Grand Théâtre de Vienne le 23 décembre 1806 par le violoniste Franz Clement, ce concerto – longtemps réputé injouable – ne s’impose sur le plan international qu’après plusieurs dizaines d’années, grâce notamment à Josef Joachim (1831-1907). Le dédicataire n’est autre qu’un ami d’enfance (et violon solo de l’Orchestre de Vienne) de Beethoven : Stephan von Breuning (1774-1827). Le manuscrit original est conservé à la Bibliothèque Nationale d’Autriche.

Bernstein : né le 25 août 1918 aux Etats-Unis à Lawrence (Massachusetts), Leonard Bernstein fait des études de composition à Harvard, puis de piano (classe d’Isabella Vengerova), d’orchestration (classe de Randall Thomson) et de direction d’orchestre (classe de Fritz Reiner) à Philadelphie. Chef du prestigieux New York Philharmonic Orchestra en 1958, il est également l’auteur de nombreuses œuvres pour lesquelles il s’est largement inspiré des musiques populaires américaines. Auteur d’une Sérénade (1954) pour violon, orchestre à cordes & percussions, son œuvre la plus connue est la musique du film West Side Story (1957), dont est issu « America ». Bernstein est mort le 14 octobre 1990 à New York.

Berwald : suédois, né le 23 juillet 1796 à Stockholm, Franz Adolf Berwald est d’origine allemande. Se produisit en concert dès l’âge de 10 ans en tant que violoniste. Membre de la Chapelle Royale de Suède à 16 ans, membre d’honneur du Mozarteum (Salzbourg-1846), membre de l’Académie Royale de Suède (1864), professeur de composition au Conservatoire de Stockholm (1867), sa musique (et notamment son concerto pour violon) fut remise en vogue par le violoniste Henri Marteau. Mort à Stockholm le 3 avril 1868.

Biber : violoniste et compositeur autrichien, Heinrich Ignaz Franz von Biber est né à Wartenberg (Bohême) le 12 août 1644. Il fait ses études à Vienne, probablement auprès de J. H. Schmelzer. Il est nommé violoniste à la cour du Prince-évêque d’Olmütz (poste qu’il occupe jusqu’en 1670), puis à la cour du Prince-évêque de Salzbourg, où il devint Maître de chapelle en1684. Anobli par l’Empereur en 1690, il jouit d’une excellente réputation auprès de ses contemporains. Ses recherches permirent de faire évoluer considérablement la technique du violon (utilisation des doubles cordes, scordatura…). Il est considéré comme le fondateur de l’école viennoise de violon. Biber est mort le 3 mai 1704 à Salzbourg. Parmi ses œuvres, citons plusieurs opéras (dont un seul – celui de 1687 – est parvenu jusqu’à nous), de la musique d’église (messes, requiem, offertoires, vêpres…), 16 sonates pour violon seul (1674), 8 sonates pour violon et basse continue (1681).

Bliss Arthur (Sir) : né à Londres le 2 août 1891. Fit ses études auprès de Vaughan Williams, Gustav Holst… Professeur au Royal College of Music de Londres (1921) et à l’Université de Californie (1940). Nommé Master of the Queen’s Music en 1953. Auteur, entre autres, de 4 quatuors à cordes et d’un Concerto pour violon (écrit en 1955).

Bloch : né à Genève le 24 juillet 1880, Ernest Bloch commence sa formation musicale en Suisse, notamment avec Emile Jaques-Dalcroze (harmonie et contrepoint) à Genève. Son désir d’apprendre et de se perfectionner l’amène à effectuer de nombreux voyages pour poursuivre ses études : Bruxelles (dans la classe de violon d’Eugène Ysaÿe qui, malicieusement, l’encourageait à poursuivre les cours de composition…), Francfort (où il suit les cours de composition d’Iwan Knorr), mais aussi Münich et Paris. En 1909, il dirige d’importants concerts à Neuchâtel (dont le Concerto de Mendelssohn avec un violoniste de 17 ans qui allait devenir célèbre : Joseph Szigeti) ainsi qu’à Lausanne. Il enseigne également la composition, de 1911 à 1915, au Conservatoire de Genève. Puis il part pour les Etats-Unis, devient professeur à New-York (1916), et fonde l’Institut de Musique de Cleveland (1920). Il y occupe le poste de Directeur pendant 5 ans. De 1925 à 1930, il assure la direction du Conservatoire de San Francisco, où la bienveillance d’un mécène lui permet de se consacrer entièrement à la composition. Bloch va peu après vivre à l’écart, dans les Alpes suisses ou en Haute-Savoie, pendant trois ans. Les événements politiques en Europe font qu’en 1938, il décide de retourner en Amérique et de s’y installer. En janvier 1938, il a terminé le « Concerto pour violon ». Celui-ci est créé à Cleveland en décembre de cette même année par Joseph Szigeti, et joué l’année suivante avec Charles Münch et la Société des Concerts du Conservatoire à Paris. C’est là qu’il est enregistré pour la première fois. En dépit du fait que la plus grande partie de l’œuvre de Bloch incarne les passions et les aspirations sacrées de l’âme juive, le compositeur a affirmé que « dans ce concerto, il n’y avait ni intention ni inspiration juives ». Nommé Professeur à l’Université de Californie en 1941, il y enseigne 11 ans avant de prendre sa retraite… qu’il consacre tout de même à la musique. En 1958, il dédie ses deux « suites pour violon seul » à Yehudi Menuhin. La Portland Arts Commission lui décerne une récompense spéciale en janvier 1959. C’est à cette occasion qu’il rencontre pour la dernière fois Szigeti (amis de longue date, ils se sont rencontrés 50 ans auparavant) qui effectuait une tournée dans l’Oregon. Ernest Bloch meurt le 15 juillet, à Agate Beach (Portland).

Bonporti (ou Buonporti, Dom Francesco Antonio) : né le 11 juin 1672 à Trente. Disciple de Pitoni et de Corelli à Rome. Musicien de la Chapelle de l’Empereur Joseph 1er (1700). Auteur d’un Concerto pour violon (op. 11 / 5), et des Invenzioni pour violon & continuo (1712, qui furent longtemps attribuées à Bach !). Mort à Padoue le 19 décembre 1748.

Boulanger : Lili Juliette Marie Olga Boulanger est née à Paris le 21 août 1893. Sa mère, d’origine russe, est cantatrice. Son père, professeur de Chant au Conservatoire de Paris. Sa sœur Nadia (1887/1973), compositrice, pianiste, organiste, chef d’orchestre, lui donne ses premières leçons de musique. Très précoce, elle compose sa première mélodie à 11 ans : La Lettre de mort. En 1909, elle entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, dans les classes de Caussade (contrepoint), Vidal et Fauré (composition). Son travail est récompensé en 1913. Pour sa cantate Faust et Hélène, elle se voit décerner le 1er Grand Prix de Rome. Elle est la première femme à l’obtenir ! Malheureusement, la « Grande Guerre » éclate et son séjour à la villa Médicis – réservé aux Grands Prix de Rome – ne peut avoir lieu. C’est à la même époque qu’elle commence à souffrir de la maladie qui l’emportera le 15 mars 1918, à Mézy (Yvelines). Elle allait avoir 25 ans… Les œuvres qu’elle laisse sont essentiellement de la musique vocale, ainsi que deux poèmes symphoniques. Une sonate pour violon et piano ainsi qu’un opéra (La Princesse Maleine, de Maeterlinck) sont restés inachevés. Nadia cessera d’écrire à la mort de sa sœur pour se consacrer à l’enseignement musical (Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Ecole Normale de Paris, Conservatoire Américain de Fontainebleau) et entretenir son souvenir.

Brahms : né à Hambourg le 7 mai 1833. Son père, contrebassiste à l’Orchestre Municipal de Hambourg, remarque ses dons précoces. Il lui fait étudier la musique dès l’âge de 7 ans, particulièrement le piano (avec Kossel) et la composition (avec Marxsen). A 14 ans, Johannes Brahms donne son 1er concert, où il interprète une de ses œuvres. 1853 est une date importante dans sa vie. En compagnie du violoniste hongrois Eduard Remenyi, il effectue une tournée de concerts : Hanovre tout d’abord, où il se lie d’amitié avec un autre violoniste hongrois – Joachim – puis Weimar, où il fait la connaissance de Liszt. A Düsseldorf, il rencontre Robert et Clara Schumann qui, enthousiasmés par ses talents, lui offrent amitié, hospitalité… et appuis, notamment par leurs recommandations auprès d’éditeurs et d’organisateurs. De 1857 à 1859, il est Directeur de la Musique à Detmold. En 1862, il se fixe définitivement à Vienne. Sa renommée – de même que ses ressources – grandit rapidement. Pianiste, compositeur, professeur, mais aussi chef d’orchestre et chef de chœur, il dirige entre autres la Wiener Singakademie de 1863 à1864 et le Singverein der Gesellschaft der Musikfreunde (une société des amis de la musique) de 1872 à 1875. Il fait la connaissance de Dvorák en 1878, l’apprécie énormément et lui apporte son soutien. Durant les vingt dernières années de sa vie, il ne va pratiquement plus se consacrer qu’à la composition, si l’on excepte une tournée avec Joachim en 1879. Ses œuvres sont très nombreuses ; 4 symphonies, 2 sérénades, 4 concertos (2 pour piano, 1 pour violon, 1 pour violon et violoncelle), 10 sonates (3 pour piano, 3 pour violon et piano, 2 pour violoncelle et piano, 2 pour clarinette et piano), 5 trios, 6 quatuors, 4 quintettes, 2 sextuors, et aussi de la musique vocale (le célèbre Requiem allemand, une Rhapsodie, une cantate, des motets… et plus de 200 Lieder). Il meurt à Vienne d’un cancer du foie, le 3 avril 1897. Le Concerto en Ré Majeur op.77 pour Violon a été créé le 1er janvier 1879 à Leipzig par Josef Joachim (1831 / 1907), sous la direction de l’auteur. Elle mit un certain temps avant de s’imposer au répertoire, en raison de la difficulté d’exécution et de l’incompréhension dont souffrait la musique de Brahms dans certains pays, notamment en France (Lalo, Fauré). Le célèbre violoniste espagnol Pablo de Sarasate (1844 / 1908) refusa toujours de la jouer. A l’origine, Brahms avait prévu quatre mouvements, mais il décida de supprimer le Scherzo. Restent l’Allegro ma non troppo (pour lequel Fritz Kreisler a écrit une très belle cadence), l’Adagio, et l’Allegro Giocoso.

Bréval : Jean-Baptiste Sébastien Bréval est né le 6 novembre 1753 à Paris. Il est considéré comme un des meilleurs violoncellistes de son époque. Membre de l’Orchestre des Concerts Spirituels puis de l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Professeur et compositeur de grande renommée, il a écrit 7 concertos pour violoncelle, 8 recueils de Duos (pour 2 violons), 2 recueils de Duos (pour violon & violoncelle), 6 Duos (pour violon & alto), Nocturnes (pour violon & violoncelle), des Trios (pour violon alto & violoncelle, flûte violon & violoncelle, violon alto & basse, violoncelle violon & basse), 4 recueils de 6 Quatuors à cordes, des symphonies concertantes (4 pour 2 violons & basse, 1 pour violon & alto)… Plusieurs de ses œuvres sont perdues. Il est également l’auteur d’un Traité du Violoncelle, paru à Paris en 1804. Bréval est mort à Colligis, dans l’Aisne, le 18 mars 1823.

Bruch : né à Cologne le 6 janvier 1838, Max Bruch manifesta très tôt des aptitudes exceptionnelles pour la musique. Il fut l’élève de Hiller et Reinecke, à Cologne, puis travailla avec Hauptmann et Rietz, à Leipzig. A l’âge de 20 ans, il créa ses premières œuvres, mais son premier métier véritable fut celui de chef d’orchestre. Ainsi, de 1862 à 1864, il dirigea les chœurs et l’orchestre de Mannheim, puis les orchestres philharmoniques de Coblence (de 1865 à1867), de Sondershausen (de 1867 à 1870), de Berlin (de 1878 à 1880), de Liverpool (de 1880 à 1883) et de Breslau (de 1883 à 1891). En 1891, il fut nommé professeur de composition à l’Académie de Musique de Berlin. Toutes ses œuvres – essentiellement avec orchestre – furent très appréciées par ses contemporains. A sa mort, survenue à Berlin le 2 octobre 1920, il nous laisse 3 opéras, 3 symphonies, 3 concertos et un Konzertstück pour violon, Kol Nidrei pour violoncelle, 2 quatuors à cordes et de nombreuses œuvres pour choeurs et orchestre. Le 1er Concerto (en sol mineur, opus 26) pour violon et orchestre, a été terminé en 1868. Ecrit pour le violoniste Joachim, il est considéré comme la plus connue de ses compositions.

Bull : violoniste et compositeur norvégien, Ole Bull est né à Bergen le 5 février 1810. Très précoce, il joue en soliste à 9 ans avec la Société Harmonique de Bergen. Il fait ses études auprès de Eriksen, Poulsen, Ludholm et Spohr (1829). C’est après avoir entendu Paganini en concert (Paris-1831) que se produit le déclic qui fera de lui un des plus grands personnages de son pays : il fait la connaissance du Maître, dont il reçoit félicitations et encouragements. Il est d’ailleurs un des premiers à jouer les fameux Caprices, qu’il définit d’ailleurs ainsi : « Nulle composition n’a encore été écrite qui puisse rivaliser avec les 24 Caprices pour la beauté, l’originalité ou la difficulté d’exécution ». Robert Schumann écrira d’ailleurs plus tard qu’Ole Bull était un des plus grands de tous les violonistes… égalant peut-être même Paganini, quant à la vitesse et à la clarté de son jeu. Dans les milliers de concerts qu’il donne dans le monde entier (Norvège, Angleterre, Irlande, Allemagne, Russie, Etats-Unis…), ainsi que dans ses œuvres, notamment ses arrangements de thèmes traditionnels norvégiens, il s’inspire constamment de son idole. Ainsi, en 1836, année durant laquelle il effectue une tourne en Angleterre, il donne près de 300 concerts, tous à guichet fermé ! A partir de 1843, aux Etats-Unis, les triomphes succèdent aux triomphes. Il se fit fabriquer un archet plus large et plus lourd, ainsi qu’un chevalet presque plat (pour pouvoir jouer sur les 4 cordes en même temps). De retour dans son pays en 1848, il est accueilli comme un héros national. En 1850, il fonde à Bergen Det Norske Theater, le premier théâtre exclusivement norvégien pour promouvoir l’art, la culture et la langue de son pays (il fut rebaptisé Den Nationale Scene). De retour aux Etats-Unis en 1852, il tenta de fonder une colonie norvégienne en Pennsylvanie et à New York (Oleana). Ce fut un échec, mais celui-ci n’eut aucune influence sur l’Artiste. Il faut constater que peu de ses compositions ont été publiées. Cela est certainement dû au fait suivant : improvisateur particulièrement doué, il ne jouait jamais deux fois une œuvre de la même façon, et c’est vraisemblablement pour cela également que ses manuscrits ne reflètent pas fidèlement sa manière de jouer. Ami de Franz Liszt, il eut l’occasion de donner plusieurs concerts avec le célèbre pianiste. Il joua sur plusieurs Stradivarius : le Briselli (celui de 1687), le Telaki (de 1690, qui avait appartenu à Viotti), le Wetherhill (1708, ayant appartenu à Rodolphe Kreutzer), le Marie-Hall (de 1709, ayant appartenu à Viotti puis à Wagner), et donna son nom à L’Espagnol (un Stradivarius de 1722, que Bull avait primitivement baptisé ainsi, croyant qu’il avait été réalisé pour la Cour d’Espagne). Notons enfin que c’est sur son intervention que le jeune Grieg (âgé de 15 ans) fut envoyé au Conservatoire de Leipzig, recevant ainsi une véritable formation musicale, qui a toujours fait défaut à Bull. Il est mort à Lyso (près de Bergen) le 17 août 1880. Rappelons au passage qu’à l’époque, la Norvège est encore… suédoise, puisqu’elle n’acquit son indépendance qu’en 1905.

Buonporti : voir Bonporti

Bush (Alan) : né à Londres le 22 décembre 1900. Nommé en 1925 professeur de composition à la Royal Academy of Music de Londres, où il fit l’essentiel de ses études musicales. Auteur de Lyric Interlude (pour violon et piano – 1944), Air & Dance (pour violon, quatuor à cordes et percussion – 1947), 3 Concert Studies (violon, violoncelle et piano – 1947) et d’un Concerto pour violon (1948).

Busoni (Dante Michelangelo Benvenuto Ferrucio) : né le 1er avril 1866 à Empoli près de Florence. Pianiste (fit ses débuts à Trieste à 7 ans, puis triompha à Venise à 9…), professeur, chef d’orchestre, compositeur, auteur de 2 sonates pour violon et piano (1890 et 1898) et d’un Concerto en Ré Majeur (op. 35a) pour violon (1897). Dans une lettre à sa femme (4 septembre 1905), Busoni écrit : « Mon existence en tant que compositeur commence réellement avec la 2nde Sonate (op. 36a) pour violon. » Mort à Berlin le 27 juillet 1924. « Que de mondes Busoni me fit découvrir », dira plus tard Joseph Szigeti, grâce à qui le Concerto ne tomba pas dans l’oubli…

Buttstädt (Franz Vollrath) : né à Erfurt le 2 avril 1735. Auteur de sonates pour piano et violon. Mort le 7 mai 1814 à Rothenburg.

Buxtehude Diderik (Dietrich, en allemand) : né en 1637 à Oldesloe (Holstein, nord de l’Allemagne). « Il fut le compositeur allemand le plus important entre Schütz et J.-S. Bach ainsi que le meilleur représentant de la culture musicale germano-danoise de la mer Baltique » (M. Geck). Rappelons qu’avant de faire partie de l’Allemagne, le Holstein fut pendant 4 siècles une province danoise (annexée en 1460 par le roi Christian 1er). Cela explique entre autres les consonances des noms : ainsi, son père s’appelait Hans Jensen Buxtehude (1602 / 1674). Il occupe successivement les postes d’organiste de l’église Marienkirche de Hälsingborg (Suède) en 1657, puis de l’église allemande d’Elseneur en 1660 (place qu’occupa son père pendant 32 ans), et de l’église Marienkirche de Lübeck en 1668, qu’il conservera jusqu’à sa mort. On raconte une anecdote concernant cette dernière nomination : celle-ci ayant été soumise à la condition que Buxtehude épouse la fille de son prédécesseur (Franz Tunder), ce qu’il fit, lui-même résolut que son propre successeur deviendrait obligatoirement son gendre : c’est ainsi qu’à tour de rôle Haendel, Mattheson (en 1703, attirés par la nouvelle que Buxtehude cherchait un successeur) et Bach (en 1705) renoncèrent, de leur plein gré, à l’orgue de la Marienkirche et aux charmes d’Anna Margreta Buxtehude. En 1673, il fonde les Abendmusiken de Lübeck (concerts du soir, fixés aux 5 derniers dimanches avant Noël), dont le prestige attira Bach en 1705. Celui-ci – alors âgé de 20 ans – fit à pied le voyage Arnstadt / Lübeck, soit près de 400 kilomètres ! Organiste et compositeur de grande renommée, Buxtehude meurt le 9 mai 1707 à Lübeck, laissant plus de 100 œuvres vocales religieuses, de nombreuses compositions pour orgue, clavecin… et une vingtaine de sonates pour violon, viole de gambe et basse continue.

C

Camargo Guarnieri (Mozart !) : compositeur brésilien né le 1er février 1907, élève de Koechlin et de Münch, auteur de concertos pour violon et pour piano.

Cambini (Giuseppe Maria) : né à Livourne en 1746, élève de Nardini et Manfredi, auteur de Préludes, Airs variés, 6 Sonates, 3 Concertos pour violon, ainsi que de près de 300 quatuors et quintettes, 3 symphonies et 79 symphonies concertantes. Mort à Paris vers 1811.

Camerloher (Placidus von) : né à Murnau le 9 août 1718. Compositeur allemand, auteur de sonates et de musique de chambre. Mort à Freising le 21 juillet 1782.

Chausson : né à Paris le 21 janvier 1855. Après avoir obtenu une licence en droit, Ernest Amédée Chausson entre au Conservatoire de Paris (il a 25 ans) dans la classe de composition de Massenet et dans la classe d’orgue de Franck. Suite à un échec, mais surtout à l’incompatibilité entre l’enseignement officiel dispensé au Conservatoire et son caractère, Chausson quitte l’établissement… mais pas son professeur – Franck – avec qui il va continuer sa formation de 1880 à 1883, en cours particuliers. Il se lie également d’amitié avec de nombreux musiciens comme Duparc, d’Indy, Fauré, Debussy… ainsi qu’avec des peintres tels que Renoir, Degas, Carrière, des poètes et bien d’autres artistes. Secrétaire de la Société Nationale de Musique (à partir de 1888), il ne ménage pas ses efforts pour faire connaître et développer la musique française. Le 10 juin 1899, à Limay (Yvelines), il meurt d’une fracture du crâne, due à un stupide accident de bicyclette. L’œuvre la plus célèbre de Chausson est probablement son « Poème pour violon et orchestre », composé en 1897 et créé aux Concerts Colonne par Eugène Ysaÿe la même année.

Chostakovitch : né à Saint-Petersbourg le 25 septembre 1906, Dimitri (ses prénoms russes sont en fait Dmitri Dmitriévitch) Chostakovitch entre en 1919 au Conservatoire de Petrograd (Saint-Petersbourg est le nom que donna Pierre le Grand à sa nouvelle capitale. Rebaptisée Petrograd durant la 1ère Guerre Mondiale, elle devint Leningrad à la mort de Lénine, pour s’appeler à nouveau Saint-Petersbourg), et suit les cours de piano (classes de Rozanova et de Nikolaiev) et de composition (classes de Steinberg et de Glazounov. Ce dernier jugea son élève de la façon suivante : « des dons de créateur exceptionnellement brillants et précoces, dignes d’étonnement et d’admiration… Beaucoup d’imagination et d’invention dans sa musique… » et lui attribua un 20 sur 20 lors des épreuves de composition). Passionné de Mozart, Beethoven, Bach, Haydn et des compositeurs russes (Tchaïkovsky, Borodine, Moussorgsky, Rimsky-Korsakov), il s’intéresse par la suite aux œuvres de Berg, Bartok, Hindemith, Schönberg, Milhaud et Mahler. Maintes fois récompensé et honoré : Prix d’Etat (1941, 1942, 1946, 1950, 1952), Prix Staline (1940, 1942, 1949), Prix Lénine (1954, 1958), nommé Artiste du Peuple Soviétique (1954), Docteur honoris causa à Oxford (1958), Professeur au Conservatoire de Leningrad (1937), professeur au Conservatoire de Moscou (1943), Premier Secrétaire de l’Union des Compositeurs (1960), il est même nommé peu après Député du Soviet Suprême, les autorités estimant que l’importance de la musique devait dépasser le seul cadre culturel. A sa mort, survenue à Moscou le 9 août 1975, sa production compte 147 numéros d’opus au total : 3 opéras, 3 ballets, 15 symphonies, 6 concertos, de la musique de chambre (15 quatuors…), de la musique vocale, des musiques de films… Plusieurs de ses œuvres sont encore inédites. Citons l’un de ses chef-d’œuvre : le Concerto n° 1 (opus 99, en la mineur) composé en 1947-48, en pleine période de jdanovisme (Andreï Jdanov : agent actif du stalinisme, membre du Politburo en 1939), au cours de laquelle Chostakovitch – mais aussi d’autres compositeurs comme Prokofiev ou Khatchaturian – fut particulièrement visé et accusé de « tendance formaliste antipopulaire » ! Il fallut attendre 7 ans et un climat plus serein avant de révéler cette partition. Le concerto fut créé le 29 octobre 1955 à Leningrad par David Oïstrakh, son dédicataire, qui dira : « Cette œuvre pose à son interprète des problèmes passionnants : elle l’oblige à exprimer les pensées, les sentiments, les états d’âme les plus profonds avant de l’autoriser à montrer sa virtuosité… Je me suis attaché progressivement à cette musique jusqu’à ce qu’elle ait pris totalement possession de moi… Plus j’étudiais ce concerto avec passion, mieux je le vivais… Quant au 2e mouvement, il contient quelque chose de maléfique, de démoniaque et d’épineux ».

Copland : Aaron Copland est né à Brooklyn le 14 novembre 1900. Ses études musicales s’achèvent à Paris en 1921, auprès de Nadia Boulanger. Auteur de nombreuses œuvres : Dance Symphony (avec laquelle il remporte le Prix RCA Victor), Billy the Kid (1938), Rodeo (1942, d’où est extrait « Hoe Down »), Appalachian Springs (1944, Prix Pulitzer)… Elegies (pour violon & alto) et, pour violon & piano : Capriccio, Preludes, Nocturne, Ukulele Serenade, ainsi qu’une Sonate. Reçut un Oscar pour la musique du film The Heiress (1949), la Médaille d’or de l’American Academy (1956), la Médaille Présidentielle de la Liberté (1964), Commandeur de l’Ordre du Mérite (Allemagne de l’Ouest), Membre honoraire de l’Académie Sainte-Cécile (Rome), Docteur Honoris Causa de plusieurs universités… L’Université de New-York a fondé l’Aaron Copland School of Music en 1982. Copland fut également chef d’orchestre (à partir de 1955). Il est mort le 2 décembre 1990 à North Tarrytown (NY).

Corelli : Arcangelo Corelli est né à Fusignano (près de Ravenne) le 17 février 1653. Ses professeurs de musique sont Giovanni Benvenuti et Leonardo Brugnoli. A 17 ans, après avoir terminé ses études à Bologne, il est nommé membre de l’illustre Accademia Filarmonica. On dit qu’il effectua plusieurs voyages en Europe (France, Espagne et Allemagne), sans qu’il y ait de certitude absolue. Il semble s’être établi définitivement à Rome entre 1671 et 1675. 1er violon au Théâtre Capranica en 1679, Maître de Chapelle de l’église Saint-Louis-des-Français en 1682, il entre au service du Cardinal Pamphili deux ans plus tard. En 1687, il dirige l’orchestre de 150 musiciens de l’Académie de Musique de la Reine Christine de Suède (en exil à Rome depuis plus de trente ans). En 1689, le Cardinal Ottoboni, neveu du Pape, le charge de son orchestre privé. En tant que compositeur, ses sonates d’église et de chambres, ainsi que ses concertos pour violon, firent de lui l’un des maîtres du classicisme italien. Parmi ses nombreux élèves, citons Anet, Somis, Gasparini, Geminiani et Locatelli. Il fut enseveli au Panthéon de Rome le 8 janvier 1713. Il joua sur un Amati et un Stradivarius de 1693 (le Harrison).

D

Debussy : né le 22 août 1862 à Saint-Germain-en-Laye, Achille Claude Debussy est élevé dans une extrême pauvreté et ne reçoit aucune éducation. Heureusement, il a la chance d’être remarqué par Antoinette Flore Mauté – pianiste de talent ayant connu Chopin – qui découvre en lui des dons instinctifs pour le piano. Ainsi, le 2 octobre 1872, il entre au Conservatoire de Paris. Pendant douze ans, il va suivre les classes de Marmontel (piano), Lavignac (solfège), Durand (harmonie), Franck (orgue), Massenet et Guiraud (composition). Il va également faire la connaissance de Marguerite Wilson-Pelouze et de Nadejda von Meck, la protectrice de Tchaikovsky. Cela se traduira par de nombreux voyages (Suisse, Italie, Autriche et Russie) qu’il effectuera en tant que pianiste. C’est aussi à partir de cette époque qu’il commence à composer. En 1884, il obtient le 1er Grand-Prix de Rome, avec sa cantate L’Enfant Prodigue. De nombreux travaux, écrits à Rome dans les années qui suivirent, ont été perdus, détruits ou inachevés. Il découvre les œuvres de Wagner (Parsifal, Tristan), la musique d’Extrême-Orient à l’Exposition Universelle, Boris Godounov de Moussorgsky… qui enrichiront son expérience. Mondialement connu comme pianiste et comme compositeur, Debussy a également été chef d’orchestre (dirigeant ses œuvres en Autriche, en Hongrie, en Italie, en Angleterre, en Russie et en Hollande) et critique musical (Le Figaro, Le Mercure de France, Comœdia, Musica …). Les premières manifestations d’un cancer apparaissent en 1910. A la suite de deux opérations très pénibles sa santé décline rapidement. De par les événements de l’époque, sa mort – survenue le 25 mars 1918 à Paris – passe inaperçue. « L’œuvre de Debussy, dira Roland de Candé, a fait souffler sur la musique un vent de liberté ». Ses compositions sont beaucoup trop nombreuses pour être citées toutes ici. En voici quelques-unes parmi les plus célèbres : Trois Nocturnes (1890-1899), les Fêtes galantes (1892 et 1904), Pelléas et Mélisande (1902), La Mer (1905), Le Martyre de Saint-Sébastien (1911), trois ballets (1912), vingt-quatre Préludes (1910 et 1913), douze Etudes pour piano (1915)… et son ultime Sonate pour violon et piano (1917).

Delerue : Georges Delerue est né à Roubaix le 13 mars 1925. Il fait ses études musicales au conservatoire de Roubaix (piano, orgue, harmonie, musique de chambre) puis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (classes de Milhaud et de Büsser). En 1949, il obtient à la fois le 1er Prix de composition et le Grand-Prix de Rome ! Bien d’autres récompenses lui seront attribuées tout au long de sa carrière : le Prix Italia (1963), un Emmy Award pour la partition musicale de la Première Mondovision (1967), 3 Césars (1979, 1980, 1981), 4 Oscars (1970, 1979, 1980, 1981) et plusieurs nominations, un Gemini Award (1987)… Chef d’orchestre de l’O.R.T.F. de 1952 à 1959, il dirige toujours ses enregistrements de musique de films et de télévision. Parmi ses œuvres : 4 opéras, 4 ballets, des Concertos, de la musique de chambre, des musiques pour la Télévision (Les Rois Maudits, Jacquou le Croquant, Thibaud ou les Croisades, Splendeurs et Misères des Courtisanes…). Mais ce sont ses musiques de film – plus de 200 ! – qui le rendirent célèbres dans le monde entier. Il a collaboré avec les plus grands réalisateurs (Resnais, Sautet, Godard, Russel, Colpi, Zulawski, Becker, Verneuil, Reichenbach, Truffaut, Malle, de Broca, Berri, Huston, Bertolucci, Zinnemann, Oury, Schoendoerffer, etc.). Prémonition ? Georges Delerue est mort le 21 mars 1992 à Burbank (Californie), après avoir écrit le « Concerto de l’Adieu », sa dernière musique (celle du film Diên Biên Phu), pour laquelle Pierre Schoendoerffer a dit : « Quand le scénario a été écrit, avant même de tourner, nous avons enregistré la musique. Georges Delerue a composé le Concerto de l’Adieu, magnifique, prémonitoire de ce que devait être l’âme du film. Un concerto est un dialogue entre l’instrument et l’orchestre. Dans le film, le violon est la voix de la France; l’orchestre de Hanoï celle du Viêt-nam. La musique de Delerue, noble, rigoureuse, chargée d’émotion retenue, participe elle-même à un concerto plus vaste, dialogue avec la terrible musique de percussion que sont les bruits et les fureurs de le guerre… »

Dinicu Grigoras : né à Bucarest le 3 avril 1889, il fut élève de Carl Flesch (de 1902 à 1906) au Conservatoire de Bucarest. Violoniste roumain marginal, il effectua quasiment toute sa carrière en jouant dans les hôtels, cafés, restaurants et cabarets de l’Europe de l’Est. Il composa de nombreuses œuvres de musique tzigane : la plus célèbre d’entre elles est « Hora Staccato », qu’il écrivit à 17 ans, à l’occasion de son diplôme, obtenu au Conservatoire de Bucarest (1906). Heifetz en fit un arrangement pour violon & piano en 1932. Dinicu est mort à Bucarest le 28 mars 1949.

Dupin : Marc-Olivier est né en 1954. Commence le violon avec son père, puis entre au Conservatoire de Paris, où il obtient les prix d’écriture, d’analyse, d’orchestration, d’alto et de direction d’orchestre. Après avoir été pendant 8 ans Directeur du CNSMD de Paris, puis conseiller du Ministre de l’Education Nationale, il est nommé Directeur général de l’Orchestre National d’Ile-de-France (2002). Il écrivit notamment « Pour Elia » (prénom de sa fille), œuvre pour violon solo commandée pour le Concours Long-Thibaud 2005.

Dvorák : Antonin Dvorák est né à Nelahozeves (Bohême), le 8 septembre 1841. Entré à l’école d’orgue de Prague en 1857, violoniste dans l’Orchestre du Théâtre National de 1862 à 1871, c’est surtout en tant que compositeur qu’il se fit connaître. Il eut la chance de susciter l’admiration de Brahms qui, par ses relations (éditeurs, chefs d’orchestre…) le rendit rapidement célèbre. A la suite de plusieurs tournées en Angleterre, en Allemagne, en Hongrie, en Russie, il fut nommé directeur du Conservatoire National de Musique de New-York (de 1892 à 1895) puis, peu après son retour au pays, directeur du Conservatoire de Prague (en 1901). Décédé le 1er mai 1904, il laisse de très nombreuses œuvres de musique de chambre, les fameuses Danses slaves, plusieurs concertos pour violon, violoncelle, piano… et neuf symphonies. La 9e, dite du Nouveau Monde, fut achevée en 1893.

E

Ernst : Heinrich-Wilhelm Ernst est né le 6 mai 1814 à Brno (ou Brünn, en Moravie). Ses tout premiers professeurs furent un boulanger nommé Sommer, puis Leonhard. Il n’a que 9 ans lorsqu’il donne son 1er concert public. En 1825, il entre au Conservatoire de Vienne dans les classes de Joseph Mayseder, de Ignaz von Seyfried (composition) et de Joseph Böhm (violon), puis plus tard dans la classe de Bériot (pendant 6 ans) à Paris, où il fit ses débuts en 1831. On dit qu’à l’âge de 14 ans, ayant entendu certaines œuvres inédites de (et par) Paganini, à Vienne, il les aurait rejouées à l’oreille. Le célèbre violoniste italien en fut réellement étonné. Ils donnèrent ensemble un concert en 1837 à Marseille. C’est vraisemblablement à cette occasion qu’Ernst créa une formidable surprise, en interprétant « Nel cor più non mi sento » avec une précision et une virtuosité exceptionnelle. Ernst fit la connaissance de Schumann, Liszt, Berlioz, fit de nombreuses tournées à travers l’Europe et la Russie, fut membre de la London Beethoven Society, jouant en quatuor avec Wieniawski, Joachim et le violoncelliste Piatti… Il s’installa à Londres en 1855 et continua à donner des concerts jusqu’en 1860. A partir de cette date, souffrant de graves névralgies, il se consacra à la composition (notamment les Etudes polyphoniques) et passa les dernières années de sa vie essentiellement à Nice, où sa mort survint le 8 octobre 1865. Connaissant à fond toutes les possibilités techniques du violon, il laisse des œuvres comme les Mélodies Hongroises, ou La Dernière Rose de l’Eté (6e étude d’une série de six, s’inspirant de la chanson populaire irlandaise du même nom), uniquement accessible aux grands virtuoses, un Concerto Pathétique (1850), Elégie (op. 10, publiée en 1840), 2 Nocturnes, Fantaisie brillante (éditée en 1839) d’après Otello de Rossini… Considéré comme l’héritier de la technique de Paganini, qui fut sa source d’inspiration. Donna son nom à un Stradivarius de 1709, qui fut joué ensuite par Neruda. Il joua aussi sur le Plotenyi (Stradivarius de 1725). Son archet était un Tourte.

F

Fauré : Gabriel Urbain Fauré est né le 12 mai 1845 à Pamiers dans l’Ariège. Bien que ses parents ne soient absolument pas mélomanes, le jeune Fauré manifeste très tôt des dons exceptionnels pour la musique. A 10 ans, grâce à l’aide du député De Saubiac, par qui il obtient une bourse, il part pour Paris effectuer ses études dans l’Ecole de Musique Classique et Religieuse fondée par Louis Niedermeyer en 1853. Il va y rester 11 ans, pendant lesquels il se lie d’amitié avec son maître de piano : Camille Saint-Saëns. En 1866, il commence sa carrière professionnelle en tant qu’organiste à l’église Saint-Sauveur de Rennes. Mais ses modestes revenus vont l’obliger, pendant près de 25 ans, à donner des leçons particulières. De retour à Paris en 1870, il est nommé organiste à Notre-Dame-de-Clignancourt. Il n’y reste que peu de temps, car la guerre entre la France et la Prusse éclate, et il s’engage dans l’Infanterie. Après la Guerre et la Commune, il devient titulaire du grand orgue de Saint-Honoré d’Eylau. De temps en temps, il remplace Charles-Marie Widor à Saint-Sulpice, et Camille Saint-Saëns à La Madeleine. Il retourne aussi à l’école Niedermeyer… mais en tant qu’enseignant cette fois. A partir de 1877, il effectue plusieurs voyages en Allemagne (Weimar, Cologne, Münich) où il fait la connaissance de Franz Liszt. Puis vient une période d’une vingtaine d’années durant laquelle il écrit la plupart des œuvres qui le rendent célèbre comme compositeur. La mort de ses parents va donner naissance au fameux Requiem, dans lequel il exprime sa conception de la mort comme « une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur de l’au-delà, plutôt que comme un passage douloureux ». Créé le 16 janvier 1888 sous sa direction, à La Madeleine, il ne comporte dans son orchestration originale que des parties d’altos, violoncelles, orgue, harpe et timbales. Fauré ajouta par la suite 2 cors et 2 trompettes, puis 3 trombones. Son éditeur (Hamelle), surpris par l’absence de violons et de « bois », lui demanda d’en réaliser une nouvelle version pour grand orchestre symphonique. Achevée en 1900, celle-ci sera publiée l’année suivante. C’est cette version de concert qui est présentée ce soir. Infatigable, Fauré déborde d’activité. Consécrations officielles et postes à responsabilité s’accumulent : Inspecteur des conservatoires de province (1892), succède à Théodore Dubois à l’orgue de La Madeleine (1896), Professeur de composition au Conservatoire (1896), il hérite de la classe de Massenet, et compte parmi ses élèves Enesco, Aubert, Koechlin, Schmitt, Ravel… Chargé de la critique musicale du Figaro (1903), Directeur du Conservatoire de Paris en 1905 (alors qu’il n’en a jamais été l’élève), Membre de l’Institut de France (Académie des Beaux-Arts, 1909), Grand cordon de la Légion d’Honneur (1920). Sa mort, survenue à Paris le 4 novembre 1924, ne pouvait évidemment donner lieu qu’à des funérailles nationales. Ses œuvres pour le violon sont 2 sonates, une berceuse, une Romance, un Andante (pour violon et piano), ainsi qu’un Concerto (pour violon et orchestre).

Fétis : né le 25 mars 1784 à Mons (Belgique), François-Joseph Fétis est surtout connu comme l’ancêtre de la musicologie moderne. Très jeune, il apprend à jouer du violon, du piano, de l’orgue et compose, à l’âge de 9 ans, un concerto pour violon et orchestre. Il entre au Conservatoire de Paris en 1800 dans les classes de Boieldieu (piano) et Rey (harmonie). En 1806, Fétis entreprend la révision du plain-chant et de tout le rituel de l’Église catholique, vaste entreprise qu’il n’achève qu’après 30 ans de patientes recherches. Organiste, professeur de composition au Conservatoire de Paris (1821), bibliothécaire de ce même conservatoire (1827), conférencier, Fétis est appelé en 1833 à Bruxelles comme maître de chapelle du roi Léopold 1er et directeur du Conservatoire. Inlassable chercheur doté d’une profonde érudition, Fétis a publié de nombreux ouvrages sur la musique, et fonda La Revue Musicale (1827). Sa précieuse bibliothèque (7325 volumes) a été achetée après sa mort, survenue le 26 mars 1871 à Bruxelles, par la Bibliothèque Royale de cette ville.

Franck : né le 10 décembre 1822 à Liège (qui fait à cette époque partie du royaume des Pays-Bas, car la Belgique ne fut indépendante qu’en 1831). Son père – personnage vaniteux, despotique et cupide – décide de faire de lui et de son frère Joseph deux virtuoses. Il les inscrit à l’Ecole Royale de Musique (le Conservatoire de Liège) en 1828. Plus doué que son frère, César (ses autres prénoms sont Auguste, Jean, Guillaume, Hubert) Franck reçoit son diplôme à 11 ans, félicité par son professeur Daussoigne-Méhul (neveu d’Etienne Méhul). Il commence ses tournées sans plus attendre, sous la direction de son père bien entendu. En 1835, la famille Franck s’installe à Paris. César étudie le contrepoint, la fugue et la composition auprès de Reicha. A 15 ans, il entre au Conservatoire de Paris dans les classes de Zimmermann (piano) et de Leborne (composition). Il y obtient en 1840 le Grand Prix d’Honneur de piano ainsi que le 1er Prix de Fugue. Cette même année, il entre dans la classe d’orgue de Benoit où, à la surprise générale, il ne sera récompensé que par un 2e Prix l’année suivante. Préparant activement le concours pour l’obtention du Prix de Rome, Franck doit subir une dernière fois la « tyrannie » de son père : celui-ci ayant décidé de le faire rentrer à Liège, l’espoir du Prix de Rome s’envole. Voulant son indépendance, Franck a 20 ans lorsqu’il décide de retourner à Paris, où il enseigne le piano. Le 22 février 1848, la Révolution fait rage dans les rues de la Capitale. L’une d’elles offre un curieux spectacle : un cortège nuptial s’avance et demande aux émeutiers d’entrouvrir une brèche dans la barricade afin de pouvoir atteindre l’église de La Trinité… Le mariage romanesque en question est un des rares éléments pittoresques de la vie de Franck. Organiste de Notre-Dame-de-Lorette (1848-53) et de Saint-Jean Saint-François (1851-58), il est nommé maître de chapelle et organiste titulaire de la nouvelle église Sainte-Clotilde en 1858. L’année suivante, il inaugure le grand orgue construit par Cavaillé-Coll, aux claviers duquel il fera toute sa carrière d’interprète et d’improvisateur. Afin de prendre part à la guerre de 1870, il demande la nationalité française… qu’il n’obtiendra que trois ans plus tard. Il n’est donc toujours pas naturalisé lorsqu’il fonde en 1871 la Société Nationale de Musique (Ars Gallica), dont le but est de régénérer la musique française. De nombreux musiciens se regroupent autour de lui : Saint-Saëns, Fauré, Massenet, Duparc, d’Indy… En 1872, il succède à Benoit dans la classe d’orgue du Conservatoire de Paris. Très vite, il se laisse « emporter » et fait de sa classe une véritable classe de composition. Parmi ses élèves, on trouve Chausson, Ropartz, Lekeu, Duparc, Pierné, Vierne, d’Indy, Tournemire… Franck ne connut son premier succès que l’année de sa mort, pour l’audition de son Quatuor à cordes. « Vous voyez, avait-il remarqué, le public commence à me comprendre ». Il meurt le 8 novembre 1890 à Paris des suites d’un stupide accident de fiacre. Il laisse de grandes œuvres chorales, de la musique religieuse, 4 poèmes symphoniques, 6 pièces pour grand orgue (1862), des opéras qu’il ne devait jamais entendre jouer (Hulda -1885, Ghisèle – 1890) et de véritables chefs-d’œuvre : le Quintette (1879), les Variations symphoniques pour piano et orchestre (1885), la Sonate pour violon et piano (1886), la Symphonie en ré mineur (1888)… et les Trois chorals pour orgue (1890).

Francœur François : né à Paris le 28 septembre 1698. Admis dans l’orchestre de l’Opéra à l’âge de 12 ans, il devint compositeur puis surintendant de la musique (membre des 24 Violons du Roy) et Inspecteur de l’Opéra, avant d’en être nommé Directeur. Mort à Paris le 6 août 1787, on lui doit 2 livres de Sonates pour violon & basse continue (1720 et 1730), des symphonies, ainsi qu’une vingtaine d’opéras écrits en collaboration avec son ami François Rebel.

G

Gabrieli Andrea : né à Venise entre 1510 et 1515, serait le 1er auteur d’œuvres pour violon. Plusieurs sonates ont été éditées en 1587. Mort à Venise l’année précédente, en 1586.

Grieg : Edvard Grieg est né le 15 juin 1843 en Norvège, à Bergen. Ayant commencé très tôt l’étude du piano – sa mère était pianiste – il compléta sa formation à Leipzig (1858), puis à Copenhague (1863). Il découvrit le folklore norvégien grâce à un inconnu : Richard Nordraak (mort en 1866 à l’âge de 24 ans). Ce musicien allait « déclencher » le génie de Grieg qui, en 1867, s’installa à Christiana (autre nom d’Oslo à l’époque) et fonda l’Académie Nationale de Musique. En 1898, il créa également le 1er festival de musique de son pays. Pianiste, chef d’orchestre, ses voyages à travers l’Europe l’amenèrent à rencontrer Liszt, Wagner, Tchaikovsky, Brahms… mais il doit surtout sa célébrité à ses compositions, particulièrement avec une de ses œuvres maîtresses : la fameuse musique de scène pour Peer Gynt. Il mourut à Bergen le 4 septembre 1907.

H

Haendel : Georg Friedrich Haendel (ou Händel) est né à Halle (Saxe) le 23 février 1685. Il fait ses études à l’Université de Halle, apprend l’orgue, le clavecin et la composition sous la direction de Friedrich Wilhelm Zachow (ou Zachau, 1663 / 1712). Organiste assistant (1697) puis titulaire (1702) à la cathédrale de Halle, il quitte ce poste l’année suivante pour celui de violoniste puis de claveciniste à l’Opéra de Hambourg. Il entreprend un voyage pour Lübeck en 1703 avec Mattheson, attirés tous deux par la nouvelle que Buxtehude cherchait un successeur à l’orgue de la Marienkirche. Buxtehude ayant mis comme condition que son successeur serait obligatoirement son gendre, Haendel et Mattheson renoncent à briguer ce poste (il en sera de même pour Bach deux ans plus tard). Son voyage en Italie (1706) lui permet de faire la connaissance de Corelli, Scarlatti (père et fils), Pasquini, Steffani… En 1710, il est nommé Kappellmeister de l’Electeur de Hanovre, poste dont il s’absente la plupart du temps à cause de ses voyages en Angleterre où il compose, entre autres, son opéra Rinaldo (écrit en 2 semaines !). La 1ère représentation a lieu au Queen’s Theatre en 1711 : c’est un triomphe. D’autres œuvres suivent, particulièrement une Ode pour l’anniversaire de la Reine Anne en 1713, qui lui vaut une rente annuelle de la Reine, rente qui sera triplée par le Roi George 1er… ses petites-filles (les princesses Anne, Caroline et Amelia) étant toutes trois élèves de Haendel. Maître de Chapelle du duc de Chandos, puis Directeur de la Royal Academy of Music (qui vient d’être fondée, on est en 1719), ce « musicien allemand écrivant de la musique italienne (au total : 41 opéras italiens, une centaine de cantates italiennes) pour un public anglais » se fait naturalisé anglais en 1726, sous le nom de George Frideric Handel. Mais les cabales politiques et religieuses, les cachets exorbitants des chanteurs, la concurrence de l’opéra anglais naissant (L’Opéra du Gueux de Pepusch, satire de l’opéra italien – 1728), portent un coup fatal au prestige de la Royal Academy of Music, qui cesse son activité, afin d’éviter un désastre financier. Haendel se tourne résolument vers l’oratorio en 1738 (il en écrira 24). Le Messie, représenté à Dublin en 1742, est un nouveau succès. En 1752, à la suite d’un accident, son état de santé s’affaiblit et, sa vue se mettant à baisser terriblement, il subit trois opérations de la cataracte… qui auront le même résultat que sur Bach (opérations exécutées par le même chirurgien, d’ailleurs) : il devient aveugle lui aussi. Il cesse de composer mais continue à jouer ses œuvres jusqu’à la fin de sa vie. Il meurt à Londres le 14 avril 1759. Son enterrement a lieu le 20 dans l’abbaye de Westminster. Beethoven le considérait comme le plus grand de tous les compositeurs…

Halffter Cristóbal : né à Madrid le 24 mars 1930, neveu d’Ernesto et de Rodolfo. Prix National de Musique en 1954, avec son Concerto pour piano. Professeur de composition (1960) au Conservatoire de Madrid, puis directeur jusqu’en 1966. Auteur d’une Sonate pour violon & piano (1959).

Halffter Ernesto : né à Madrid le 16 janvier 1905 (son père est d’origine allemande, d’où ce nom… à faible consonance hispanique). Disciple de Manuel de Falla, il obtient le Prix National de Musique en 1925, avec sa Sinfonietta. Directeur du Conservatoire de Séville en 1934, il quitte l’Espagne à cause de la guerre civile. S’installe à New-York, puis à Lisbonne, avant de rentrer dans son pays natal. Sa « Danse de la Gitane » (ou Danse de la Bohémienne), arrangée par Heifetz, est extraite du ballet « Sonatina » de 1928. Mort en 1989, il avait un frère (Rodolfo) et un neveu (Cristóbal), tous deux compositeurs.

Halffter Rodolfo : né à Madrid le 30 octobre 1910, frère d’Ernesto. Parti au Mexique en 1939, il prend la nationalité mexicaine. Professeur au Conservatoire de Mexico. Auteur d’un concerto pour violon (1940).

Händel : voir Haendel

Hindemith : Paul Hindemith est né en Allemagne, à Hanau, le 16 novembre 1895. Fait ses études de composition au Conservatoire de Frankfurt-am-Main (1909). Nommé violon-solo de l’Orchestre de l’Opéra de cette même ville en 1915. Membre-fondateur et altiste du Quatuor Amar-Hindemith (1923/1930). Professeur de composition à la Hochschule für Musik de Berlin (1927). La montée du nazisme et sa mise à l’écart par Goebbels en personne (qui le qualifie de profanateur des scènes musicales) l’obligent à quitter Berlin. Passe 2 ans en Turquie (1935) en effectuant et organisant de nombreux concerts. S’installe aux Etats-Unis en 1939 (prendra la nationalité américaine), et devient professeur à l’Université de Yale (de 1942 à 1954). Reçoit le Prix Bach de la ville de Hambourg (1950). Responsable du Département « Musique » de l’Université de Zürich (1951). A partir de 1956, il se consacre essentiellement à la direction d’orchestre, notamment l’Orchestre de l’Opéra de Francfort. Il meurt le 28 décembre 1963 à Francfort (sur-le-Main). Pour le violon, il écrivit 6 sonates, 14 petites pièces, 2 trios, 7 quatuors, 2 quintettes, un Kammermusik (que l’on peut traduire par « concerto de chambre ») et un Concerto pour violon & orchestre (achevé en 1939).

Hubay : Jenö Hubay (ou Eugen Huber) est né à Pest (qui deviendra, avec la réunion de Buda en 1872, Budapest) le 15 septembre 1858. Elève de son père (K. Huber), de Böhm, puis de Joachim, et enfin de Vieuxtemps (Paris, 1872). Professeur de violon au Conservatoire de Bruxelles (succédant à Vieuxtemps, en 1882), à l’Académie de Musique de Budapest (1886), Directeur de cette académie (de 1919 à 1934). Crée la Sonate pour violon & piano de Bartók (1903). Parmi ses violons : un Pietro Guarnerius (ayant appartenu à Wieniawski), et un Stradivarius de 1726 (le Darche, qu’il acquit en 1889, et qu’il rebaptisa le Hubay). Auteur de 4 concertos, 5 symphonies, 6 opéras (dont Le Luthier de Crémone-1894) et de nombreuses œuvres pour violon (Scènes de Csárda). Parmi ses élèves : Szigeti, d’Aranyi, von Vecsey, Végh, Székely, Varga, Telmanyi, Brown, Eldering, Eugene Ormandy… Mort à Vienne le 12 mars 1937.

Huber : voir Hubay

I

Indy Vincent d’ (ou, plus exactement Paul Marie Théodore Vincent, Comte d’Indy) : né le 27 mars 1851 à Paris. Fit ses études musicales auprès de Marmontel, Diémer (piano), Lavignac (harmonie), puis Franck (composition et orgue). Organiste à Saint-Leu-la-Forêt (1874), timbalier aux Concerts Colonne (1875), également violoncelliste, cornettiste, chef de chœur, chef d’orchestre. Grand Prix de la Ville de Paris (1885). A la mort de Franck (1890), il devient directeur de la Société Nationale de Musique. Professeur de composition et directeur de la Schola Cantorum (qu’il fonde avec Bordes et Guilmant en 1894). Professeur de Direction d’orchestre au Conservatoire (1912). Auric, Honegger, Milhaud, Roussel, Satie… furent quelques-uns de ses élèves. Mort le 2 décembre 1931 à Paris. Parmi ses œuvres pour violon, citons la Sonate en Ut (pour violon et piano, 1904), une Suite (pour violon, violoncelle, flûte et harpe, 1927), le Trio en Sol (pour violon, violoncelle et piano, 1929).

K

Kabalevsky : Dimitri Borisovitch Kabalevsky est né le 30 décembre 1904 à Saint-Pétersbourg. Il fait ses études à l’Institut Musical Scriabine (de 1919 à 1925) puis se perfectionne au Conservatoire de Moscou. Ses professeurs ont été Vassilenko, Catoire, Goldenweiser, et surtout Miaskovsky. Sa carrière de compositeur, commencée en 1925, est récompensée tout d’abord en 1930, date à laquelle il accepte le poste de « Professeur-Assistant » au Conservatoire de Moscou. Secrétaire de l’Union des Compositeurs d’URSS en 1932, Professeur titulaire au Conservatoire de Moscou en 1939, il reçoit la Médaille d’Honneur du Gouvernement soviétique en 1941, remporte plusieurs fois le Prix d’Etat (en 1946, 1949, 1951 et 1966), recevant le titre d’Artiste du Peuple d’URSS en 1963. Kabalevsky a également utilisé officiellement ses fonctions (élu à l’Académie de l’Enseignement et de l’Education en URSS, Président de la Société Internationale de l’Education Musicale, membre du Comité Soviétique pour la Défense de la Paix) pour essayer de promouvoir la Paix et l’Amitié entre l’Union soviétique et les autres pays. Auteur de nombreuses œuvres (101 numéros d’opus), parmi lesquelles le Concerto en Do Majeur (op. 48) pour violon, composé en 1948. Kabalevsky est mort le 16 février 1987 à Moscou.

Khatchaturian : né le 6 juin 1903 à Kodjori (près de Tiflis, en Arménie), ce n’est qu’en 1921, à l’école de musique Gnessin, qu’Aram Ilyitch Khatchaturian reçoit une éducation musicale sérieuse. Il commence par l’étude du violoncelle puis, en 1925, de la composition. Diplômé de cette école en 1929, il entre ensuite au Conservatoire de Moscou et devient l’élève de Miakovsky et de Vassilenko. En 1934, il obtient le prestigieux diplôme de ce conservatoire. La culture occidentale reçue à Moscou lui a permis de structurer ses compositions, mais il reste attaché à la musique populaire de son pays natal, ainsi que de la Russie méridionale et orientale. Sa réputation s’étend rapidement à travers le monde. Ses œuvres ne laissent personne indifférent. A sa mort, survenue le 1er mai 1978 à Moscou, il laisse 3 symphonies, des ballets, des musiques de scènes et de films, des chants patriotiques et des arrangements de danses populaires, des sonates, des concertos (pour violon, piano, violoncelle)… Citons ainsi Spartacus, Gayaneh dans lequel figure la fameuse « Danse du sabre », Othello, La bataille de Stalingrad… Le Concerto en ré mineur pour violon et orchestre est, lui aussi, l’un de ses chefs-d’œuvre. Ecrit en 1940, il traduit parfaitement le tempérament arménien, fier, ardent, vibrant et généreux, mais aussi tendre et nostalgique. Khatchaturian a dédié ce concerto au célèbre violoniste David Oistrakh.

Korngold : né à Brünn (Autriche) le 29 mai 1897, Erich Wolfgang Korngold commence la musique à l’âge de 10 ans sous la direction de Robert Fuchs, puis d’Alexander von Zemlinsky et d’Hermann Graedener. Chef d’orchestre du Théâtre de Hambourg (1921). Professeur à l’Académie de Vienne (classe d’opéra, 1927). Auteur de quelques musiques de films durant son séjour aux Etats-Unis (de 1934 à 1940). Mort le 29 novembre 1957 à Hollywood. Parmi ses œuvres pour le violon : Sonate en Sol Majeur pour violon & piano, Trio pour violon, violoncelle & piano (1910), Concerto en Ré Majeur pour violon & orchestre (1945).

Kreisler : né à Vienne le 2 février 1875, Fritz Kreisler fait ses études avec son père, puis Auber, Bruckner (1882-Vienne), Massart, Dont, Delibes (1885) au Conservatoire de Paris, où il obtient (à l’âge de 12 ans) un 1er Prix. A la suite de sa 1ère tournée en Amérique (1889-1890), qui n’est qu’un demi-succès, il rentre en Europe et se consacre à ses études de médecine. Ce n’est qu’en 1899 qu’il se décide pour la carrière de violoniste, et sa 2nde tournée aux Etats-Unis (1900-1901) est cette fois un véritable triomphe. En 1914, dans l’armée autrichienne, il fut blessé sur le front russe. Concertiste (il joua avec Busoni et Rachmaninov), il effectue aussi de nombreux enregistrements, arrangements et compositions (Le Tambourin chinois, Caprice viennois, Liebeslied…). Parmi ses enregistrements, il en effectua plusieurs sur cylindre, au début du siècle, à l’Opéra de Paris ; on devrait les découvrir en… 2007 ! Quittant Vienne en 1932 pour fuir le nazisme, il se réfugie en France et prend la nationalité française. Avec le début de la Guerre, il s’expatrie à nouveau (aux Etats-Unis) et prend la nationalité américaine en 1943. Même s’il n’eut pas d’élèves réguliers, il effectua plusieurs master-classes. Il n’hésitait pas à donner de nombreux conseils ni à dévoiler ses « trucs » auprès des jeunes musiciens… parmi eux, un certain Heifetz. Ses derniers enregistrements furent critiqués comme étant un peu « faux », mais Kreisler souffrait alors de surdité. Il eut un impact important sur la plupart des violonistes du vingtième siècle. Officier de la Légion d’Honneur, Kreisler est par ailleurs le dédicataire du Concerto d’Elgar (1910), de la Sonate n° 4 d’Ysaÿe, de la Rhapsodie tchèque de Martinù, des Variations sur un thème de Corelli de Rachmaninov. Il joua sur 7 Stradivarius : le Parke et le Earl of Plymouth (1711), le Gréville (1726), le Hart (1727), le Briselli (celui de 1732, ayant appartenu à Baillot), le Kreisler (son préféré, 1733) et le Lord Amherst of Hackney (1734). A noter qu’il donna également son nom à un autre violon : le Kreisler réalisé en 1740 par Bergonzi. Kreisler est mort à New-York, le 29 janvier 1962.

Kreutzer : né le 16 novembre 1766 à Versailles, Rodolphe (son vrai prénom était Rodolf) Kreutzer commença l’étude du violon à 5 ans sous la direction de son père (Jean-Jacob), puis de Stamitz (1778). Doué, travailleur, membre de la Musique du Roi (1786), bénéficiant de la protection de la Reine, il eut néanmoins une jeunesse difficile sur le plan financier à cause de sa condition plus que modeste d’une part, et de l’origine germanique de son nom (surtout à l’approche de la Révolution). Professeur de violon du Conservatoire de Paris dès qu’il fut fondé (1795). Violon solo à l’Opéra de Paris (1801). Maître de Chapelle du Roi (1815). Considéré par certains (dont Joseph Hardy) comme le véritable créateur de l’Ecole du Violon en France. Il fit la connaissance du jeune Paganini (alors âgé de 14 ans) à Gênes… et s’impressionnèrent mutuellement. Auteur en 1803 d’une « Méthode de violon » (méthode du Conservatoire de Paris, en collaboration avec Rode et Baillot). Composa 42 caprices (1800), 19 concertos, Beethoven lui dédia sa fameuse Sonate opus 47 (qu’il accueillit plutôt froidement et ne joua d’ailleurs jamais). A la suite d’un accident en 1810 (il se cassa le bras gauche), il se mit à la direction pour « ressusciter » les Concerts Spirituels. Eut pour élèves Lafont, Bazzini, Massart. Mort à Genève en 1831. Joua sur plusieurs Stradivarius : le Van Houten (1701), le Wetherhill (1708), le Kruse (1721), le Kreutzer (le 1er, de 1720 que Kreutzer donnera à Massart en 1831), le Vésuve (1727, rebaptisé Lupot par le célèbre luthier Nicolas Lupot, dont le surnom était le « Stradivarius français »), le Kreutzer (le 2e, de 1731). Rodolphe eut un frère, violoniste également : Auguste.

L

Lalo : né à Lille le 27 janvier 1823, Edouard Victor Antoine Lalo fait ses premières études dans sa ville natale (1er prix de violon du Conservatoire à 15 ans) où il bénéficie également de l’expérience du violoncelliste allemand Baumann, qui avait joué sous la direction de Beethoven. Mais à l’âge de 16 ans, il part pour Paris : son père a rompu toute relation avec lui lorsqu’il a appris que le jeune Edouard refusait de considérer la musique comme un simple agrément, et qu’il avait décidé d’en faire son métier. Il entre au Conservatoire de Paris dans la classe de violon de Habeneck et étudie la composition avec Schulhoff et Crèvecœur, mais ses maîtres spirituels sont Beethoven, Schubert et Schumann. Ses premières œuvres laissent le public (ainsi que les éditeurs) plutôt indifférent, et c’est en tant qu’interprète qu’il gagne sa vie. D’ailleurs, il ne considère son instrument que comme « gagne-pain » : il est compositeur dans l’âme. (Son fils, le critique musical Pierre Lalo, affirmera plus tard qu’il n’hésitait pas à dire que « la musique était faite pour être lue et non pour être entendue ». Mais bien des gens ont du mal à croire qu’il ne posait jamais les mains sur un clavier, et ne faisait appel qu’à ses yeux pour « jouir pleinement des trésors contenus dans une partition »). De 1855 à 1864, il est altiste du quatuor Armingaud, dont il est co-fondateur. L’année suivante, il épouse une de ses élèves, chanteuse, qui l’incite à reprendre la composition interrompue depuis 7 ans. Il en résulte un premier opéra, Fiesque, créé en 1866. En digne fils d’officier du 1er Empire, il prend les armes durant la guerre de 1870, à l’issue de laquelle il fonde la Société Nationale de Musique avec Saint-Saëns, Franck, Massenet, Bizet et quelques autres. Ars Gallica, sa devise, résume leur mission : défendre la musique française. Lalo a plus de 50 ans lorsque qu’il connaît ses premiers véritables succès, avec deux œuvres pour violon, un premier Concerto et la Symphonie espagnole. Ce concerto fut écrit à la demande du célèbre violoniste Sarasate, et créé par celui-ci, au Théâtre du Châtelet en 1874. Le succès étant au rendez-vous, Lalo dédia à l’interprète la Symphonie espagnole, qui fut créée l’année suivante, le 7 février 1875, à Paris. Puis viennent le Concerto pour violoncelle, la Rhapsodie norvégienne pour orchestre et la Fantaisie norvégienne pour violon et orchestre, deux ballets (Nanouma et Néron), trois symphonies, un deuxième opéra : Le Roi d’Ys, un Concerto pour piano… Il ne pourra achever que le premier acte de son troisième opéra : La Jacquerie. Le 22 avril 1892, Lalo meurt d’une crise cardiaque, à Paris. Parmi ses admirateurs, citons encore Fauré, Dukas, Debussy, Chabrier…

Leclair : Jean-Marie (l’Aîné) Leclair est né à Lyon le 10 mai 1697. Violoniste amateur à ses débuts, maître de ballet (chorégraphe) et 1er danseur à l’Opéra de Turin (1722), il fait la connaissance d’un des plus grands violonistes de l’époque : Jean-Baptiste Somis, dont il devient l’élève. En 6 ans, ses progrès sont énormes et le succès rencontré lors de sa prestation au « Concert Spirituel » (la seule institution parisienne capable de rivaliser avec l’Académie Royale de Musique de l’époque) est tel qu’il est réinvité quatre fois au cours de l’année 1728, ce qui constitue un fait exceptionnel ! En 1734, il devient musicien du Roi (sur la demande de Louis XV en personne). Deux ans plus tard, il effectue un voyage en Hollande, tout d’abord à Amsterdam pour rencontrer un autre grand violoniste : Locatelli, puis à Leeurwarden, où il est reçu par Anne d’Orange. Il passe ensuite un an à Chambéry près de l’infant d’Espagne, et rentre à Paris en 1747 où il est nommé 1er violon dans l’orchestre du Duc de Grammont. Professeur de l’Abbé le fils et de Gaviniès, Leclair a écrit de très nombreuses sonates (les premières parurent en 1723), 11 concertos pour violon, un concerto pour flûte ou hautbois, et un opéra. Surnommé le « Corelli français », il est considéré comme le véritable fondateur de l’école française de violon, car « il est le premier à avoir donné le modèle achevé d’une technique cohérente, hardie, capable d’affronter la comparaison avec celle des meilleurs violonistes italiens de l’époque » (A. Wirsta). Il est poignardé dans la nuit du 22 au 23 octobre 1764 à Paris. L’auteur et le mobile du crime n’ont pas été découverts (Un livre a été édité chez Belfond en 1990 à ce sujet : L’Assassinat de Jean-Marie Leclair, par Gérard Gefen). Voir aussi Jean-Marie Leclair, dit le Second, à « Violonistes ».

Legrenzi Giovanni : né à Clusone, près de Bergame (baptisé le 12 août 1626). Fils du violoniste Giovanni Maria. Maître de chapelle à Ferrare (1657), à Venise (1685). Fut le professeur de Bassani, Caldara, Gasparini, Gabrieli, Pollarolo, Lotti. Auteur de plusieurs sonates da camera. Mort à Venise le 27 mai 1690.

Lekeu Guillaume (Jean Joseph Nicolas) : né le 20 janvier 1870 à Heusy (Belgique). Elève de César Franck puis de Vincent d’Indy. 2nd Prix de Rome. Sa célèbre Sonate pour violon & piano (1892) fut une commande d’Eugène Ysaÿe. Mort de la typhoïde, le 21 janvier 1894 (il venait d’avoir 24 ans) à Angers.

Locatelli Pietro Antonio (I-1695 / 1764) : né à Bergame le 3 septembre 1695. Fit ses études à Rome, auprès de Corelli et de Valentini. On sait relativement peu de choses sur ce violoniste. Il séjourna à Bergame, Dresde, Berlin, Mantoue (1725), Kassel, puis Amsterdam (1729), où il s’établit définitivement. A cette même date, il semble ne plus avoir continué sa carrière de virtuose, pour se consacrer à l’enseignement, à la composition, ainsi qu’à la vente de ses œuvres et de cordes de violon. Il a énormément contribué au développement de la technique du violon, notamment avec ses caprices et ses concertos, réunis dans « L’Art du Violon » (Amsterdam-1733), qui font de lui un illustre prédécesseur de Paganini. « Inventeur » du changement d’accord du violon, dont usa également beaucoup Paganini par la suite. Mort à Amsterdam le 30 mars 1764. Le caprice n° 23 est aussi appelé « Le labyrinthe harmonique ».

Lully (Lulli) Jean-Baptiste (F-1632 / 1687). Né à Florence, naturalisé français en 1661. Introduisit la 7e position pour la main gauche, à une époque où peu de violonistes se risquaient à la 4e. Nommé par Louis XIV compositeur officiel de la Cour en 1653.

M

Massenet : né le 12 mai 1842 à Montaud, entré au Conservatoire de Paris à 11 ans, Jules Massenet va étudier le piano, la composition et l’harmonie. 1er Prix de piano (1859), Prix de Rome (1863), pensionnaire de l’Académie de France à Rome, à la villa Médicis (1865), où il fait la connaissance de Liszt. Aux côtés de Saint-Saëns, il participe à la fondation de la Société Nationale de Musique (1871), qui se donne pour but de favoriser le renouveau de la musique française symphonique et instrumentale. Professeur de composition au Conservatoire de Paris (1878), il compte de nombreux élèves qui vont obtenir à leur tour le Prix de Rome : Gabriel Pierné et Georges Marty (1882), Paul Vidal (1883), Xavier Leroux (1885), Gustave Charpentier (1887), Henri Rabaud (1894), Max d’Ollone (1897), Florent Schmitt (1900). Elu à l’Académie des Beaux-Arts, succédant à Bazin (1878). Grand Officier de la Légion d’Honneur (1899), décoré de l’Ordre de Saint-Charles par le Prince Albert 1er de Monaco (1902), présidant l’Institut de France (1910), Massenet meurt le 13 août 1912 à Paris. Son opéra Thaïs, dont est extraite la célèbre « Méditation », a été créé le 16 mars 1894 à l’Opéra de Paris.

Mendelssohn : issu d’une famille cultivée et jouissant d’une fortune considérable, Félix Jacob Ludwig Mendelssohn-Bartholdy est né le 3 février 1809 à Hambourg. Bien que favorisé par le sort – il est intelligent, riche, séduisant, entouré d’affection et d’estime, bénéficiant de l’enseignement de maîtres remarquables – il est élevé dans une atmosphère de rigueur et de travail. Ses dons, sa culture, sa sensibilité se développent rapidement. Ainsi, le 5 décembre 1822 à Berlin, il joue en soliste un concerto (celui en la mineur) pour piano et cordes qu’il vient de composer : il n’a pas encore 14 ans ! Trois ans plus tard, soumis à un examen par Cherubini (alors directeur du Conservatoire de Paris), c’est sans surprise qu’il est jugé apte à la carrière de musicien. En 1829, on lui découvre également des talents exceptionnels de chef d’orchestre, lorsqu’il dirige à Berlin « La Passion selon Saint-Mathieu » (dont la dernière interprétation remontait à la mort de J.S. Bach en 1750). Commence alors une longue série de voyages qui le conduiront à Münich, Vienne, Venise, Milan, Rome, Naples, Paris, Londres… et qui l’amèneront à faire la connaissance de Chopin, Liszt, Auber, Berlioz, Halévy, Rossini… Il est nommé successivement Directeur de la Musique à Düsseldorf (1833), Directeur musical des concerts du Gewandhaus de Leipzig (1835) puis, à la demande du Roi, Directeur Général de la Musique en Prusse (1841). En 1843, il inaugure le Conservatoire de Leipzig, dont les classes de piano et de composition sont confiées à Schumann. A partir de ce moment, ses succès et son influence deviennent considérables, tant en Europe qu’en Amérique. Mais le travail qu’il s’imposa, de nombreux conflits et surtout la mort de ses parents et de sa sœur l’épuisèrent physiquement. Déjà sujet à des crises de dépression, il meurt le 4 novembre 1847 à Leipzig. Ses obsèques prirent le caractère de funérailles nationales. Le célèbre concerto en mi mineur, opus 64, est en fait le second écrit pour violon par le compositeur (le premier étant une œuvre de jeunesse – 1822 – exhumée et jouée par Menuhin en 1951). L’intention de Mendelssohn n’était pas d’écrire un concerto de virtuosité, mais bien un concerto pour l’instrument. Dans sa correspondance de 1836 avec Ferdinand David (grand violoniste de cette époque), il mentionne le projet d’un tel concerto. Celui-ci ne sera terminé que 8 ans plus tard, et créé (par et pour Ferdinand David) le 13 mars 1845 à Leipzig. Mendelssohn donna son nom à un violon fait par Stradivarius en 1720. Il posséda aussi d’autres Stradivarius comme le Laurie (celui de 1722).

Messiaen : né le 10 décembre 1908 à Avignon, Olivier Messiaen signe à 8 ans sa première composition pour piano : La Dame de Shalott. Après avoir suivi à Nantes les leçons d’harmonie de Jehan de Gibon, il entre au Conservatoire de Paris en 1919, où il étudie l’harmonie (classe de Jean et Noël Gallon), la fugue et le contrepoint (classe de Georges Caussade), l’orgue (classe de Marcel Dupré), l’histoire de la musique (classe de Maurice Emmanuel), la composition et l’orchestration (classe de Paul Dukas), mais aussi le piano, l’accompagnement, l’improvisation, les instruments à percussion… Il en sort en 1930, muni de 5 premiers prix. C’est cette même année qu’il termine Les Offrandes oubliées. Organiste du grand orgue de la Trinité à Paris en 1931, il compose également pour sa femme – la violoniste Claire Delbos – Thème & Variations. En 1932, il est nommé professeur à l’Ecole Normale et à la Schola Cantorum. Associé à André Jolivet, Daniel Lesur et Yves Baudrier, il fonde en 1936 le groupe Jeune France. Prisonnier en Allemagne pendant la guerre, il écrit le Quatuor pour la fin du Temps (1940). Libéré en 1942, il est nommé professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris. Professeur d’analyse, d’esthétique et de rythme en 1947, de composition en 1966, il a compté parmi ses élèves Xenakis, Stockhausen, Boulez… En 1965, André Malraux – Ministre de la Culture – lui commande une œuvre (Et exspecto Resurrectionem Mortuorum) pour célébrer la mémoire des morts des deux guerres mondiales. D’autres distinctions honorifiques sont venues de partout : Grand-Prix Musical de Rhénanie-Westphalie (Allemagne), membre de l’Institut (France-1968), Médaille d’Or de la Royal Philharmonic Society (Grande-Bretagne), Prix de la Musique L. Sonnig (Danemark)… jusqu’en Amérique, où l’on a donné le nom de Messiaenax à une montagne près de Salt Lake City. Egalement ornithologue, Olivier Messiaen a entrepris de noter des milliers de chants d’oiseaux du monde entier et de les classer par habitats et par régions. Plusieurs œuvres y sont consacrées : (Réveil des oiseaux – 1953, Oiseaux exotiques – 1955, Catalogue d’oiseaux – 1958, Sept Haïkaï – 1962, La Fauvette des jardins – 1970…). Il est mort à Paris, le 28 avril 1992.

Milhaud Darius : né à Aix-en-Provence le 4 septembre 1892. Commença l’étude du violon à 7 ans, sous la direction de Bruguier. Entré au Conservatoire de Paris à 17 ans, il suit les classes de Berthelier (violon), Leroux (harmonie), Gédalge (contrepoint), Dukas et d’Indy (direction d’orchestre), Widor (fugue), ainsi que Charles Koechlin (en privé). Ami d’Auric, Honegger, Satie, Poulenc, Germaine Tailleferre, Paul Claudel, Jean Cocteau… il effectua de nombreux voyages (Brésil, Autriche, Israël, Pays-Bas, Italie, Portugal, Russie, Etats-Unis). Auteur de centaines d’œuvres, parmi lesquelles 2 concertos pour violon & orchestre (1946 et 1958), un Concerto pour flûte, violon & orchestre (1938), 2 sonates pour violon et piano (1911 et 1917), une Sonate pour 2 violons & piano (1914), un Trio et 18 Quatuors à cordes. Fut également professeur de composition au Conservatoire de Paris (1947), ainsi qu’aux Etats-Unis (Californie et Colorado). Membre de l’Institut (1971), Grand Prix International de la Musique (la même année). Mort à Genève le 22 juin 1974.

Monteverdi : on ne connaît pas la date de naissance exacte de Claudio Monteverdi, mais on sait que son baptême eut lieu à Crémone le 15 mai 1567. Il étudie le chant, la composition et plusieurs instruments sous la direction d’Ingegneri, maître réputé de l’école de la cathédrale de Crémone. Très tôt, ses premières œuvres sont publiées : Sacrae Cantiun culae à trois voix (1582 – il n’est âgé que de 15 ans), Madrigali Spirituali à quatre voix (1583), des Canzonette à trois voix (1584), un premier livre de madrigaux à cinq voix (1587), un deuxième en 1590… Cette année-là, il est engagé par Vincent de Gonzague (Duc de Mantoue) comme chanteur et joueur de viole. Il le suit dans sa campagne contre les Turcs en Hongrie (1595), ainsi que dans son voyage en Flandres (Spa – 1599) et à Florence (1600). En 1602, il succède à Pallavicino comme maître de chapelle, et se remet à composer. C’est tout d’abord un 4e livre de madrigaux (le 3e datant de 1592, cela faisait donc 10 ans que Monteverdi n’avait pas écrit), puis un 5e en 1605. Le 24 février 1607 a lieu la 1ère représentation d’Orfeo, considéré comme le premier opéra véritable. Le succès est immense, non seulement à Mantoue, mais dans toute l’Italie du Nord. Suivent Arianna et Il Ballo delle Ingrate (1608)… A la mort du Duc en 1612, Monteverdi retourne à Crémone, mais Venise l’appelle et le nomme Maître de musique de la République et Maître de chapelle de Saint-Marc. Il compose énormément. Au total : 21 opéras, 9 livres de madrigaux, des motets, des messes, etc. Bien des œuvres ne sont malheureusement pas parvenues jusqu’à nous, ou incomplètement. Ainsi, lors de la guerre de succession du Duché de Mantoue (1630), la ville fut mise à sac : 14 opéras (sur les 21) et plusieurs autres manuscrits ne furent jamais retrouvés. Son influence, notamment auprès de Schütz, de Cavalli (le plus célèbre de ses élèves) et de la plupart des musiciens italiens du XVIIe siècle a été considérable. Monteverdi meurt le 29 novembre 1643 à Venise. Des obsèques somptueuses sont organisées à San Marco et à Santa Maria dei Frari où il est inhumé.

Mozart : né à Salzbourg le 27 janvier 1756, Wolfgang Amadeus Mozart montre dès l’âge de trois ans des dons exceptionnels pour la musique. Son père – Léopold – lui apprend en même temps l’orgue, le clavecin et le violon, si bien qu’à l’âge de 6 ans, le garçonnet est capable d’improviser des menuets avec une aisance surprenante. A 10 ans, il a déjà effectué d’importantes tournées à travers l’Allemagne, l’Autriche, la France, la Belgique, l’Angleterre, la Hollande et la Suisse, à l’issue desquelles il est reçu et fêté dans les salons princiers et les cours royales. Trois ans plus tard, c’est au tour de l’Italie d’être conquise : Vérone, Mantoue, Milan, Bologne, Florence, Naples, Venise et Rome où il note de mémoire le célèbre Miserere d’Allegri, appartenant au répertoire secret de la Chapelle Pontificale. Interprète hors du commun, mais aussi compositeur prolifique, c’est lors de sa 19e année qu’il écrit ses 6 admirables concertos pour violon (le 7e étant d’attribution douteuse). Haydn dira d’ailleurs à Léopold Mozart : « votre fils est, à mes yeux, le plus grand compositeur qui ait jamais existé « . Seulement, à cette époque, on paie essentiellement les musiciens en éloges mondains et même les souverains n’offrent que des présents comme des tabatières ou autres bibelots. Aussi, c’est avec amertume qu’il avoue qu’il pourrait ouvrir une boutique de bric-à-brac, mais que son budget est bien précaire. Malgré le succès remporté par Les Noces de Figaro (opéra créé le 1er mai 1786 à Vienne, sous la direction du compositeur) ou Don Giovanni (l’année suivante), Mozart n’arrive pas à trouver d’emploi fixe, et il éprouve toujours d’importantes difficultés financières. « J’ai maintenant 2 élèves, écrira-t-il plus tard à un ami, et je voudrais arriver à 8. Répandez partout le bruit que je donne des leçons ». Mais, si les dernières années de sa vie sont pénibles sur le plan matériel, elles sont d’une richesse incomparable sur le plan artistique : 3 symphonies composées en six semaines (dont la fameuse Jupiter, 1788), Cosi fan tutte (créé à Vienne en 1790), La flûte enchantée (1791). Epuisé par l’excès de travail, sujet à de nombreux évanouissements, Mozart est persuadé qu’il a été empoisonné. Cette atmosphère angoissante est soudain aggravée par un incident étrange : un inconnu sinistre, vêtu de noir, se présente brusquement chez lui et, avec des précautions inquiétantes, lui commande un Requiem en lui faisant jurer de ne jamais chercher à savoir à qui est destinée cette partition. L’imagination aidant, il pense que cette visite macabre est un avertissement lui signifiant sa fin prochaine et qu’il travaille en fait à son propre Requiem. On sait aujourd’hui que cet inconnu était le domestique du comte Walsegg. Ce noble seigneur, musicien de second ordre souhaitant être pris pour un grand compositeur, n’hésitera pas à faire exécuter plus tard le Requiem sous son nom. Mozart meurt le 5 décembre 1791 sans avoir pu terminer cette dernière œuvre (elle le sera par son élève Süssmayer). Son corps est transporté le lendemain à la cathédrale Saint-Etienne, avec une simple absoute pour toute cérémonie, puis enseveli sans pierre tombale avec plusieurs autres morts dans la fosse commune du cimetière Saint-Marc. Un monument sera érigé en 1859 sur l’emplacement présumé de sa tombe. Une lettre de Mozart à son père a été retrouvée et nous renseigne sur ses talents de compositeur et d’interprète : « Aujourd’hui nous avons eu un concert où nous avons joué trois de mes compositions – nouvelles, bien entendu… une sonate avec accompagnement de violon pour moi-même, que j’ai composée hier soir entre 11 heures et minuit (mais pour pouvoir la finir, je n’ai écrit que l’accompagnement pour Brunetti et j’ai retenu ma partie de mémoire) »… sans commentaire ! Une quarantaine de symphonies, 8 grandes messes, près de 50 concertos, des opéras, des sonates… bref, plus de 600 œuvres ont fait dire à Wagner : « un prodigieux génie l’a élevé au-dessus de tous les maîtres de tous les temps ».

N

Nardini : Pietro Nardini est né le 12 avril 1722 à Livourne. Elève de Tartini à Padoue. Violoniste, compositeur et professeur (il eut pour élèves Campagnoli, ainsi que Pollani, le professeur de Baillot). Auteur de 16 concertos pour violon. Virtuose à la Cour de Stuttgart, puis Maître de musique à la Cour de Florence (1770) où il meurt, le 7 mai 1793. Il joua sur le Modena (Stradivarius de 1722). Leopold Mozart (le père de Wolfgang) disait qu’il était impossible d’avoir un son plus beau, plus pur que celui de Nardini.

P

Paganini : Niccolò (Nicolò) Paganini est né à Gênes le 27 octobre 1782. Son père (excellent musicien amateur), Servetto (Maître de chapelle de la cathédrale de Gênes) et Costa (Premier Violon des principales églises de Gênes) lui donnent ses premières leçons de mandoline, de guitare et de violon. C’est avec un concerto de Pleyel qu’il fait ses débuts en public, à 8 ans et demi. A 13 ans, au théâtre Sant-Agostino, il interprète sa première composition importante : « Variations sur La Carmagnole ». La Gazette de Gênes le qualifie de « jeune homme s’étant déjà signalé à sa patrie par son habileté dans le maniement du violon ». Il se perfectionne à Parme auprès de Rolla (violon), Ghiretti (contrepoint) et Paër (composition). L’année suivante, ceux-ci estiment déjà ne plus rien avoir à lui enseigner ! Malheureusement, si son père fut d’une grande sévérité quant à l’enseignement de la musique, allant jusqu’à le battre ou à le priver de nourriture s’il négligeait son travail, il lui transmit également la passion du jeu. C’est ainsi que, lors de sa première tournée en Italie, on raconte que le jeune prodige aurait été dans l’obligation de vendre son violon (qu’il put récupérer in extremis) pour payer ses dettes de jeu, mais aucun document n’a pu établir la véracité de cette anecdote. Comment Paganini a-t-il eu l’occasion d’acquérir son fameux violon ? Plusieurs versions existent. Dans la première, Paganini relève à Parme le défi du peintre Pasini, consistant à jouer en première lecture un concerto que ce dernier jugeait extrêmement difficile, en récompense de quoi il offrait un magnifique violon (un Guarnerius del Gesù de 1742) dont il était propriétaire. Dans la deuxième, il rencontre à Livourne, en 1802, un mécène français Livron, qui lui prête un violon pour jouer un concerto de Viotti. Emerveillé après l’avoir entendu, Livron lui fait cadeau de l’instrument, qui serait le Guarnerius que Paganini garda toute sa vie. Dans la troisième, il y aurait 2 violons : cette version figure dans l’autobiographie de Paganini, recueillie par Lichtenthal en 1828. Le propriétaire (qui n’est pas nommé) du Guarnerius aurait dit : « Si vous jouez en première lecture ce concerto de violon, je vous donne l’instrument »… ce qui fut fait, et plus tard, à Livourne, pour avoir interprété un concerto de Viotti, Livron lui aurait donné un violon (le nom du luthier qui l’a fabriqué n’est pas mentionné, mais il s’agirait d’un autre violon prestigieux). Toujours est-il que le Guarnerius en question est actuellement la propriété de la Ville de Gênes, à qui Paganini en fit don par testament. Après avoir délaissé quelque temps le violon pour la guitare (instrument dont il jouait, d’après ses contemporains, à la perfection), il reprend en 1805 ses tournées et dirige la musique privée de la Princesse de Lucques et Piombino, Eliza – qui n’est autre que la sœur de Napoléon Bonaparte. Pour se l’attacher, celle-ci (avec qui il devient très intime) le nomme Capitaine de sa Garde… C’est l’époque où il écrit la Sonate Napoléon, célèbre pour sa particularité : elle doit être entièrement jouée sur une seule corde ! En 1809, il est à Florence – où il suit la Princesse qui devient cette même année Grande-Duchesse de Toscane. En 1812, il donne un concert à Ferrare, auquel participe une chanteuse qui, n’étant peut-être pas au mieux de sa forme ce jour-là, se fait chahuter par certains spectateurs. Paganini interrompt le concert, et imite avec son violon le braiment de l’âne, le dédiant aux siffleurs. Il s’ensuivit un scandale qui nécessita l’intervention de la police. Le 11 mars 1816, il donne un concert à la Scala de Milan avec le virtuose français Charles-Philippe Lafont. Ils interprètent chacun une œuvre avant de jouer ensemble le Concerto pour 2 violons de Kreutzer. Ce concert prend très vite l’allure d’une compétition, voire d’un duel. Peu de temps auparavant, à la suite d’un récital de Lafont, Paganini avait dit : « Le violon de Lafont a fait renaître un fervent désir de réentendre Paganini », ou encore « Il joue bien mais ne surprend pas ». Opposition de styles, qui rend difficile toute comparaison. Côté italien : inspiration et fantaisie naturelle, côté français : réflexion, rigueur et respect de l’auteur de la partition. On a passé sous silence leurs points communs : talent, émotion, expression, virtuosité… ou tout simplement le Violon. A l’issue de ce concert, Paganini reconnaît que « Toutefois, Lafont est indubitablement un artiste de grande valeur ». De son côté, Lafont, tout en déclarant que des violonistes comme Rode, Kreutzer, Baillot et Habeneck ont fait de l’école française la meilleure du monde… rend hommage au « grand talent de Paganini ». (Il est intéressant de signaler qu’ils se reverront une quinzaine d’années plus tard en Allemagne ; leur rencontre fut des plus cordiales, tout antagonisme ayant disparu). Lafont est un des rares virtuoses ayant pu se produire publiquement avec Paganini sans ruiner leur réputation. Une rivalité un peu analogue à celle-ci devait se produire à Vérone et à Plaisance, puis plus tard à Varsovie, avec le violoniste polonais Karol Lipinsky… qui dédia néanmoins les trois Caprices qu’il composa à Paganini. Les compositions existantes pour le violon à cette époque ne lui permettent pas de s’exprimer pleinement, d’où ses nombreux arrangements, variations et improvisations. Sa sélection est de plus en plus sévère; par exemple, après avoir déchiffré la partie de violon du Trio n° 1 de Beethoven (dont les autres œuvres furent par ailleurs fort appréciées), il fit le geste de déchirer la partition en déclarant : « Si j’étais Beethoven, je détruirais cette mauvaise page ». Cela l’amène petit à petit à interpréter plus fréquemment ses propres œuvres. « J’ai mon style, dit-il, sur la base duquel je me règle pour mes œuvres. Si je dois jouer celles des autres, je dois les modifier ». Plagiats et autres imitations alla Paganini commencèrent à se répandre. Le maître prend plusieurs précautions afin de protéger ses œuvres (les sociétés de droit d’auteur n’existent pas encore), et ce n’est pas par hasard que plusieurs compositions ne comportent pas toutes les indications nécessaires pour jouer la partie du soliste. Celle-ci est parfois même complètement absente et seule la partie d’orchestre ou d’accompagnement figure dans certaines partitions. On raconte même qu’il aurait écrit tout seul les partitions d’orchestre de ses concerts et qu’il les ramassait sur les pupitres à la fin de chaque exécution pour éviter toute copie… Paganini envisagea de créer à Gênes sa propre maison d’éditions (il écrira en 1835 : « Mon intention est de publier d’ici peu mes compositions telles qu’elles sont, et d’y ajouter une méthode afin qu’elles puissent être exécutées exactement »), mais ce projet ne vit hélas jamais le jour. Malgré sa santé qui commence à s’altérer, il continue à travailler, créer, chercher, et recule les limites des possibilités techniques du violon : nouvelles harmoniques, glissades, positions hautes, pizzicati de la main gauche, doubles cordes et techniques de staccato de l’archet, accord non conventionnel de son instrument… tout ce qui va le faire surnommer le Sorcier, ou le Mage du Midi. La presse italienne ne mentionne même plus les œuvres interprétées et ne parle que de l’artiste. La presse allemande fait état d’une « nouvelle ère du violon qui commence avec Paganini… Il ne surmonte pas les difficultés, car il n’en rencontre pas ». La presse autrichienne titre « Une majesté sublime jointe à une pureté sans tache ». Un critique anglais écrira en 1831, « L’apparition de ce sorcier ne peut que pousser la majorité des violonistes au suicide ». Le Times en parlera plus tard comme « le plus grand phénomène musical de notre époque, et sans doute de toute l’Histoire »… Son immense succès en tant que violoniste et compositeur fit oublier qu’il était aussi un chef d’orchestre d’exception ; on rapporte qu’à Rome, pour la représentation de l’opéra de Rossini « Matilde di Sabran » en 1821, le chef d’orchestre et un corniste sont absents, le premier étant décédé subitement et le second souffrant de maladie. Paganini joue alors sur son violon la partie du cor tout en imitant celui-ci, et dirige l’orchestre de l’archet. A partir de 1828, il parcourt l’Europe : l’Autriche (l’Empereur le nomme Virtuose de la Cour et lui fait parvenir une précieuse tabatière en or), l’Allemagne (le Roi de Prusse lui décerne le titre honorifique de Maître de Chapelle de la Cour), la Pologne (ayant joué pour le couronnement de Nicolas 1er, celui-ci lui donna un anneau incrusté de diamants), la France et l’Angleterre. La « Revue Musicale » de janvier 1830 mentionne un concert que la Reine de Bavière avait demandé à Paganini dans son château de Tegernsee. Au moment où il allait commencer, on entendit un grand tumulte au dehors. La cause de tout ce bruit était la venue de tous les paysans des environs qui demandaient qu’on laissât les fenêtres du château ouvertes, afin qu’ils puissent jouir des talents du célèbre violoniste italien… En l’espace de 5 ans, il effectue près de 150 concerts dans une cinquantaine de villes et amasse une grosse fortune qui lui permet – entre autres – d’embellir une villa qu’il a achetée aux environs de Parme, la Villa Gaiona. On dit que pendant l’année qu’il passa en Angleterre, il gagna 5 fois son poids en or ! En 1834, Marie-Louise (veuve de Napoléon 1er), Archiduchesse de Parme, le charge de reformer l’orchestre de sa Cour. Parvenant à en faire le meilleur orchestre d’Italie, Paganini sera décoré par l’ex-Impératice de l’Ordre des Constantiniens de Saint-Georges et recevra une bague ornée de la couronne princière, portant son chiffre en diamants. Sa réputation d’avarice a fortement été exagérée, sans doute en raison du montant de ses cachets d’une part, et des sommes considérables qu’il a perdues au jeu ou liées au jeu d’autre part (ainsi en mars 1838, la faillite du « Casino Paganini » – inauguré en novembre de l’année précédente – à Paris, dans lequel l’artiste avait énormément investi mais qui s’était entouré de spéculateurs que Paganini qualifia de « voleurs infâmes », ne respectant pas toujours les contrats ni les lois en vigueur). En effet, des associations et des œuvres caritatives ont bénéficié de nombreux dons et même de concerts gratuits de Paganini (en 1831 par exemple, au moment où une épidémie de choléra frappait Paris, Paganini, dès son arrivée, donna un concert dont les recettes furent entièrement consacrées aux victimes de ce fléau. En 1838, il fit un don de 20000 francs – équivalent aujourd’hui à 50000 € environ – à Berlioz, qui connaissait alors des difficultés financières considérables. On pourrait citer bien d’autres exemples). Son talent, sa gloire, sa fortune ont évidemment suscité la jalousie. On disait qu’il avait fait un pacte avec le Diable, et bien des gens, contemplant sa longue et maigre silhouette noire, étaient prêts à le croire. Paganini désapprouvait cette réputation et disait qu’il ne voyait pas pourquoi le Diable s’arrogerait le mérite de ce qu’il avait dû conquérir au prix d’un long et dur travail. Il a suscité l’admiration d’illustres contemporains comme Théophile Gautier, Georges Sand, Delacroix, Goethe… ainsi que de nombreux compositeurs : Liszt, Berlioz, Chopin, Brahms, Rossini, Rachmaninov, Schumann, Cherubini, Meyerbeer, Dallapicola, Auber, Strauss (père), etc. Plusieurs s’inspirèrent de ses œuvres, dont certaines sont hélas ! restées inédites, incomplètes, perdues, ou encore d’origine douteuse : l’attribution à Paganini de certaines compositions (d’intérêt moindre) est sujet à controverse. Signalons le fait qu’en 1936, un certain Gallini retrouva le Concerto n° 4… dans une poubelle ! « Violoniste d’une prodigieuse virtuosité, auteur de 24 Caprices et de concertos pour violon », nous dira n’importe quel dictionnaire. C’est dire le succès phénoménal de ces œuvres, qui tend à faire oublier que Paganini a écrit bien d’autres choses pour le violon, mais aussi pour la guitare, de la musique de chambre, etc. Concernant les concertos pour violon, seuls le « n° 1 » et « La Campanella » sont régulièrement interprétés. Violoniste qui étonna le plus le monde par sa virtuosité prodigieuse et dont la réputation universelle n’a jamais été égalée, voici quelques témoignages d’estime qui lui ont été rendus : « Je n’hésite pas à le dire : une apparition analogue à celle du grand Paganini ne saurait se renouveler. La combinaison singulière d’un talent colossal avec toutes les circonstances les plus propres à l’entourer de prestige restera comme un trait isolé dans l’Histoire de l’Art » (Liszt). « J’ai pleuré trois fois dans ma vie : la première, à l’échec de mon premier opéra ; la deuxième, dans un bateau… quand une dinde farcie de truffes passa par-dessus bord et tomba à l’eau ; la troisième, quand j’entendis pour la première fois Paganini jouer » (Rossini). « J’ai entendu le cœur des anges. Nous ne reverrons jamais un homme comme lui » (Schubert). « Jamais il ne me fut donné d’entendre un phénomène de ce genre » (Schumann). « Les artistes qui déprécient ou refusent la musique de Paganini sont en réalité ceux qui sont incapables de l’exécuter » (Berlioz). « C’était une musique que l’oreille ne pouvait entendre : seul le cœur pouvait la rêver » (Heine). « Dans un rêve, Tartini a vu un diable jouer au violon une sonate diabolique. Ce diable, c’est sans doute Paganini » (Blaze). Il disait aussi : « Son poignet tient au bras par des articulations si souples que je ne saurais mieux comparer qu’à un mouchoir placé au bout d’un bâton et que le vent fait flotter… C’est le plus étonnant, le plus surprenant, le plus merveilleux, le plus miraculeux, le plus triomphal, le plus déroutant, le plus incroyable, le plus extraordinaire, le plus inattendu des spectacles ». Ce musicographe, plus connu sous le nom de Castil-Blaze (1784-1857) incitait d’ailleurs les gens à vendre tout ce qu’ils possédaient, à tout gager s’il le fallait, afin d’aller écouter Paganini. Atteint de plusieurs maladies (et probablement d’une tumeur cancéreuse au larynx), mal soigné (des médecins lui avaient prescrit du mercure !), Paganini meurt à Nice le 27 mai 1840. Est-ce l’amour du jeu, de l’argent, des femmes, de la gloire et des honneurs ? Est-ce simplement à cause de son nom (Paganini signifiant « petits païens ») ou de ce soi-disant pacte avec le Diable ? Toujours est-il que l’Eglise lui refuse des funérailles religieuses (pourtant, en 1827, le Pape Léon XII en personne l’avait fait Chevalier de l’Ordre de l’Eperon d’Or !). Son corps embaumé erre entre ses amis durant deux ans, avant d’être inhumé dans une propriété privée. Il est exhumé trois fois avant de trouver le repos dans le cimetière de Parme… 36 ans après sa mort. Il le sera une dernière fois 20 ans plus tard (en 1896) pour être inhumé définitivement dans le nouveau cimetière de Parme. Son fils Achille (né en 1825) consacra tous ses efforts à le réhabiliter aux yeux de l’église et à faire imprimer ses œuvres. On a essayé d’expliquer les prouesses techniques de Paganini en étudiant son apparence physique et ses attitudes. Voici quelques extraits de l’article des professeurs Y. Cudennec, P. Buffe et P. de Rotalier, présenté en 1984 à la Société Française d’Histoire de la Médecine : Paganini était grand, anguleux, l’épaule gauche plus haute que l’autre, d’une pâleur cadavérique… Une minceur et un allongement excessif des membres prédominant à leurs extrêmités, notamment au niveau des doigts, ainsi qu’une hyperlaxité articulaire ont suscité l’hypothèse que Paganini aurait été porteur d’un syndrome de Marfan (M. R. Schonfeld, in « Nicolo Paganini. Musical magician or Marfan mutant ? » paru en 1978). Le docteur Benatti, qui s’occupa de Paganini durant plusieurs années, nota : « Il existe une extraordinaire extensibilité des ligaments capsulaires des deux épaules, des poignets et des doigts… il double l’amplitude de sa main par l’extensibilité de chaque doigt, à tel point que non seulement chacun d’eux est capable de mouvements indépendants, mais encore la laxité des articulations phalangiennes de la main gauche leur permet des mouvements latéraux sur la touche. D’autre part, la laxité du poignet droit et de l’épaule droite leur donne l’amplitude nécessaire à un coup d’archet magistral. » La portée et l’indépendance de mouvements de ses doigts étaient si extraordinaires qu’il fut soupçonné d’avoir procédé à un geste chirurgical sur les tendons digitaux, ce qui est évidemment invraisemblable. Sa virtuosité elle-même fait partie du tableau clinique et il était passé maître dans l’art de certains tours de force, tels que la montée et la descente rapide de plusieurs octaves, les harmonies doubles, les pizzicati, les variations jouées sur une seule corde… toutes ces difficultés qui font pâlir les violonistes confirmés. Balzac et Goethe, tous deux contemporains de Paganini et en relation avec lui, étaient d’ailleurs convaincus que sa virtuosité était due en partie à sa constitution anatomique. Une nouvelle ère du violon est arrivée avec Paganini, et force est de constater que « Il y a AVANT et APRÈS Paganini… Celui-ci transforma totalement la façon d’écrire la musique. Il ne fut pas un développement, comme s’il y avait eu une continuité de Viotti, Corelli… à Paganini ; il y avait tout cela, puis il y eut Paganini » (Ivry Gitlis). Même s’il n’eut pas de disciple – excepté Sivori – Paganini fit découvrir de « nouveaux territoires » à de nombreux interprètes et compositeurs (Ernst, Vieuxtemps, Kreisler, Sarasate, Hubay…) qui purent continuer dans la voie de l’Art du Violon ainsi tracée. Deux mots pour conclure, concernant les fameux « 24 Caprices ». La quasi totalité des contemporains de Paganini les jugèrent tout bonnement injouables. Ils sont probablement même encore plus redoutables que redoutés. Achevés en 1817, leur 1ère édition eut lieu trois ans plus tard. Paganini a voulu en faire une étude poussée aux extrêmes limites des possibilités techniques du violon (et de l’archet). Ils représentent aujourd’hui encore la référence obligée à tout grand violoniste. La dédicace de l’auteur est simple : « aux artistes ». L’aspect technique et didactique a malheureusement quelque peu occulté leur côté musical. Ils ont pourtant inspiré Schumann et Liszt (cf. leurs transcriptions des Caprices pour piano), ainsi que Brahms, Rachmaninov, Szymanovsky, Tommasini et bien d’autres. Ole Bull (1810 / 1880), célèbre compositeur et violoniste norvégien, les définit ainsi : « Nulle composition n’a encore été écrite qui puisse rivaliser avec ses 24 Caprices pour la beauté, l’originalité ou la difficulté d’exécution ». Parmi les violons de Paganini, à part le Guarnerius précédemment cité, signalons les Stradivarius suivants : le Dessaint (1692), le Paganini (rebaptisé plus tard le Comte) et le Earl (1722), le Bentinck (1724), le Salabue (1727), le Milanollo (1728, ayant appartenu à Viotti, joué plus tard par Milanollo, Ferras et Amoyal), le Tom Taylor (1732).

Penderecki : né en Pologne, à Debica le 25 novembre 1933, Krzysztof Penderecki fait ses études au Conservatoire de Cracovie, dans les classes des compositeurs Artur Malawski (1904 / 1957) et Stanislaw Wiechowicz (1893 / 1963). Ayant remportés plusieurs prix (dont le Prix de l’Union des Compositeurs Polonais en 1959), influencé par Xenakis et Varèse, c’est son œuvre « Anaklasis » qui le révèle sur le plan international en 1960 à Donaueschingen. A partir de 1964, il enseigne la composition au Conservatoire de Cracovie. Professeur de composition et d’orchestration à l’Ecole de Musique Folkwang d’Essen (de 1966 à 1968), directeur du Conservatoire de Cracovie en 1972, il se produit de plus en plus comme chef d’orchestre, et devient en 1988 le premier chef invité de l’Orchestre symphonique de la NDR. Compositeur infatigable, il est l’auteur d’un Stabat Mater pour 3 chœurs, Les Psaumes de David, Dimensions du temps et du silence, Epitaphe pour A. Malawski (1958), Strophes, Emanations (1959), Anaklasis, Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima (1960), Polymorphie, Fluorescence (1961), Canon (1962), Cantate pour le 6e centenaire de l’Université de Cracovie (1964), Les Degrés de la Mort, Passion selon saint Luc, Sonate pour violoncelle et orchestre (1965), De natura sonoris (1966), Dies Irae, à la mémoire des victimes d’Auschwitz (1967), Les Diables de Loundun (1969), Messe russe (1971), Canticum Canticorum Salomonis (1972), Le Paradis Perdu (1978), Te Deum (1979), Requiem polonais (1984), Le Masque Noir (1986), Ubu Roi (1991), 5 symphonies, 2 Quatuors à cordes, plusieurs concertos (2 pour violon, 1 pour alto, 1 pour violoncelle, 1 pour flûte, 1 pour hautbois) et de la Cadenza, écrite pour alto en 1984, créée dans sa version pour violon le 28 octobre 1986 à Varsovie.

Poliakin Ferdinand : auteur d’une célèbre pièce virtuose pour violon & piano : Le Canari. Mort en 1921, c’est hélas les seules informations disponibles… pour le moment.

Poliakin Miron Borislovich : né le 12 février 1895 à Cherkassy. Elève de son père, puis d’Auer au Conservatoire de Saint-Petersbourg (1908). Professeur au Conservatoire de Leningrad (1928) puis au Conservatoire de Moscou (1936). Il eut pour élève Yampolsky et Yankelevich. Décoré par l’Etat soviétique en 1940, pour l’ensemble de son œuvre. Mort à Moscou le 21 mai 1941, ce violoniste ukrainien ne doit pas être confondu avec Ferdinand Poliakin, l’auteur d’une petite pièce célèbre : Le Canari.

Prokofiev : né le 23 avril 1891 à Sontsovka, en Ukraine. Sa mère, pianiste, ayant remarqué ses dons exceptionnels pour la musique, lui donne ses premières leçons. Le jeune « Serge » (ses prénoms russes sont : Sergueï Sergueïévitch) se montre aussi un compositeur précoce. A 14 ans, il a déjà écrit – malgré de nombreuses imperfections il est vrai – 4 opéras, 1 symphonie, 1 suite symphonique, 1 sonate pour violon, 2 pour piano… C’est en 1902, avec Glière, qu’il commence réellement à étudier la composition. Deux ans plus tard, il entre au Conservatoire de Saint-Petersbourg et étudie le piano avec Essipova, la composition avec Liadov, l’orchestration avec Rimsky-Korsakov et la direction d’orchestre avec Tcherepnine. Les plus hautes récompenses lui sont décernées. Il se produit pour la 1ère fois comme pianiste le 31 décembre 1908. Ses talents de virtuose sont unanimement reconnus (il obtient le Prix Rubinstein en 1914) et lui permettent de gagner sa vie. En tant que chef d’orchestre et compositeur, il n’en est pas toujours de même. Ainsi, en 1916, il dirige sa formidable « Suite Scythe » à Saint-Petersbourg… et provoque un scandale ! Après un séjour aux Etats-Unis (1918-1922), il décide de s’installer à Paris (1923-1933). Il voyage beaucoup et effectue de nombreuses tournées en Allemagne et en Amérique (1925), en Italie (1926), en U.R.S.S. (1927, à l’issue de laquelle il prendra la nationalité soviétique), au Canada et à Cuba (1930), encore en U.R.S.S. (1932)… En 1933, il s’installe définitivement en U.R.S.S., pays qu’il ne quittera plus à partir de 1938. Année charnière, 1933 l’est sans aucun doute dans sa carrière : il n’est plus seulement un admirable interprète, il est considéré comme le plus grand compositeur d’U.R.S.S. et est l’objet de nombreux honneurs officiels (Lauréat du Prix d’Etat en 1943, deux fois en 1946, une nouvelle fois en 1947). Mais le Comité Central du Parti Communiste se met à critiquer sévèrement le « formalisme bourgeois » de sa musique et, le 10 février 1948, condamne sans appel les « tendances antidémocratiques » de ses œuvres. Pendant près de 3 ans, il sera constamment attaqué – ainsi que Chostakovitch, Khatchaturian, Miaskovsky – par l’Union des Compositeurs Soviétiques. Son oratorio « La Garde de la Paix » lui permet de retrouver les faveurs du Parti, ce qui lui vaut en 1951 le Prix Staline et – à titre posthume – en 1957, le Prix Lénine. Sa mort, due à une hémorragie cérébrale le 5 mars 1953 à Moscou, passa quasiment inaperçue. En effet, un événement capital venait de se produire ce même jour : le décès de Staline. Parmi ses œuvres les plus célèbres, citons « Pierre et le loup » (1936), les opéras L’Amour des Trois Oranges (Chicago-1921), Le Joueur (Bruxelles-1929), L’Ange de Feu (Venise-1955), Guerre et Paix (Leningrad-1955), les ballets Le Bouffon (1921), Pas d’Acier (1927), Le Fils Prodigue (1929), Roméo et Juliette (1938), 7 symphonies, 5 Concertos pour piano, 2 pour violon, 2 pour violoncelle, ainsi que les musiques des films d’Eisenstein Alexandre Nevsky (1938/39) et Ivan le Terrible (1942/45).

Pugnani : Gaetano (Giulio Gaetano Gerolamo) Pugnani est né le 27 novembre 1731 à Turin. Elève de Corelli, de Tartini et de Somis, il joua sur un Guarnerius et utilisait les archets « modernes » de Tourte (père & fils). Il compta parmi ses élèves Viotti et Bruni. Mort le 15 juillet 1798 à Turin.

R

Rautavaara Einojuhani (FIN – 1928) : Auteur d’un Concerto pour violon (1977), créé par Eugen Sarbu.

Ravel : né le 7 mars 1875 à Ciboure, près de Saint-Jean-de-Luz, Joseph Maurice Ravel étudie le piano dès l’âge de 6 ans avec comme professeurs son père, Henri Guys et Charles René. Il entre au Conservatoire de Paris à 14 ans, et obtient une 1ère médaille deux ans plus tard. Ses maîtres sont Anthiome puis Charles de Bériot (piano), et Pessard (harmonie). En 1897, il suit également les cours de Fauré (composition) et de Gédalge (fugue et contrepoint). En 1901, il reçoit le 2nd Prix de Rome. Ses tentatives (en 1902 et 1903) pour obtenir le 1er sont infructueuses, et en 1905, il n’est même pas autorisé à se présenter aux épreuves éliminatoires ! Plusieurs de ses œuvres ont pourtant déjà été exécutées en public, voire publiées : « Schéhérazade » (1898), « Pavane pour une infante défunte » (1899), « Jeux d’eau » (1901), « Quatuor à cordes » (1902/03)… Cette décision du jury provoque un scandale dont la presse se fait largement l’écho, et qui contraint le directeur du Conservatoire (Théodore Dubois) à démissionner. Ravel va rapidement devenir célèbre par ses très nombreuses compositions. En voici quelques-unes parmi les plus célèbres : Gaspard de la Nuit (1908), Ma Mère l’Oye (1908 et 1911 pour la version orchestre), Daphnis & Chloé (1909-11), L’Enfant et les sortilèges (1920-1925), Tzigane pour violon et piano/luthéal (1924), le fameux Boléro (1928) commandé par la danseuse Ida Rubinstein, le Concerto pour la main gauche (1931) écrit pour le pianiste Wittgenstein, qui avait perdu un bras à la guerre… et enfin sa dernière œuvre : Don Quichotte à Dulcinée. En 1910, il fonde la Société Musicale Indépendante, « concurrente » de la Société Nationale de Musique, qu’il juge trop conservatrice. Admirateur de Chabrier, Stravinsky et Satie, il va découvrir la musique de Diaghilev et de Schoenberg dont il s’inspirera par la suite. Engagé volontaire pendant la Grande Guerre, il est démobilisé en 1917 contre sa volonté, pour raisons de santé. A partir de 1920, il s’installe dans sa maison de Monfort l’Amaury (devenue aujourd’hui musée), pour « vivre à l’écart du monde », entouré de ses chats siamois, d’une collection de jouets mécaniques, et de quelques amis. La même année, on lui décerne la Légion d’Honneur… qu’il refuse. Malgré son désir de s’isoler, il va effectuer plusieurs voyages en Scandinavie (1926), aux Etats-Unis et au Canada (1928), en Angleterre (1922, 1928 et 1929), puis dans la plupart des pays d’Europe, particulièrement pour interpréter son Concerto en Sol majeur avec Marguerite Long. A la suite d’un accident de taxi (1933), Ravel va peu à peu être affecté de troubles du langage, de la motricité, et aussi de la mémoire. Il passera les dernières années de sa vie sans pouvoir écrire la moindre note. En 1937, son état s’aggravant, le Professeur Vincent tente une périlleuse intervention chirurgicale qui échoue malheureusement, et Ravel meurt à Paris huit jours plus tard, le 28 décembre, sans avoir repris connaissance.

Rode : Pierre Rode est né le 16 février 1774 à Bordeaux. Elève favori de Viotti (1787), qui lui fit cadeau de toutes ses leçons. Professeur au Conservatoire de Paris dès sa création (1795). Effectua de nombreuses tournées en Europe (Allemagne, Hollande, Angleterre, Espagne, Russie). Beethoven lui dédia sa Romance (op. 50), sa dernière Sonate (celle en Sol, op. 96) lorsqu’il était à Vienne. Composa ses « 24 caprices » lors de son séjour à Berlin (1814-19). Auteur également de 13 concertos, 12 études, 4 quatuors, des sonate, ainsi qu’en 1803 d’une « Méthode de violon » (méthode du Conservatoire de Paris, en collaboration avec Baillot et Kreutzer). Compta Mayseder et Böhm parmi ses élèves. Mort à Château-Bourbon le 25 novembre 1830. Joua sur plusieurs Stradivarius : le Vornbaum (1696), le Jupiter (1700, joué ensuite par Joachim), le Rode (1715), le Noves (1722), le Nestore (ex-Lévêque, 1727, joué plus tard par Ricci).

Rouget de Lisle : né le 10 mai 1760 à Lons-le-Saunier, Claude Joseph Rouget de Lisle est l’auteur de quelques livrets d’opéra, de plusieurs Chansons ou Romances (avec violon obligé), de 50 chants français…et, faut-il le préciser, de La Marseillaise ! Cet officier de l’armée (il est nommé Capitaine en 1791) a écrit, dans la nuit du 24 au 25 avril 1792, un Chant de guerre pour l’armée du Rhin : « Je me retirai dans ma chambre. Je saute à mon violon ; je trouve dans mes premiers coups d’archet les notes que l’on attend de moi. Les paroles me venaient avec l’air. L’air me venait avec les paroles. Mon émotion était au comble ; j’étais comme agité d’une fièvre ardente ; une abondante sueur ruisselait sur mon front ; puis je m’attendrissais ; puis enfin les pleurs me coupaient la voix… ». La première eut lieu le jour même, par le compositeur en personne, chez le maire de Strasbourg (ville où il avait été muté au moment de la déclaration de guerre). Ce morceau connut rapidement un vif succès, et fut chanté par les Volontaires de Marseille lorsqu’ils arrivèrent à Paris en juillet 1792. C’est de cette époque qu’il prit le nom de Marseillaise. Décrétée hymne national par La Convention en 1795 sous le titre exact d’Hymne des Marseillais, il fut abandonné en 1800 par Bonaparte, « royalement » ignorée sous la Restauration, refit parlé de lui au moment des révolutions de 1830 et de 1848, mais dut attendre l’arrivée de la 3e République (1879 exactement) pour retrouver son rang. Rouget de Lisle est mort le 26 juin 1836 à Choisy-le-Roi. Plusieurs spécialistes se demandent cependant si l’auteur de cette Marseillaise est bien Rouget de Lisle : on a parlé de Pleyel (mondialement connu pour ses pianos), de Jean-Baptiste Grisons (son oratorio Esther, écrit en 1787, comprendrait le même air), d’Alexandre Boucher… On aurait également retrouvé d’importantes « similitudes » dans un concerto pour clavecin de C.P.E. Bach (fils de Jean-Sébastien), ainsi qu’un concerto pour piano de Mozart (écrit en 1786)…

S

Saint-Saëns : né à Paris le 9 octobre 1835, Camille Saint-Saëns apprend le solfège à 2 ans ½. Doté d’une mémoire immense, d’une oreille remarquablement fine et juste, il compose d’instinct dès l’âge de 5 ans. Il entre au Conservatoire de Paris à 13 ans, et obtient un 1er prix d’orgue en 1851. Organiste à Saint-Merri de 1853 à 1855, où ses dons d’improvisateur émerveillent ses auditeurs, il est ensuite au grand orgue de La Madeleine (poste qu’il occupera pendant 20 ans). Professeur de piano de 1861 à 1865, Saint-Saëns compte parmi ses élèves Gabriel Fauré, André Messager, Eugène Gigout… Il se lie d’amitié avec Bizet, Rossini, Proust, Gounod, Honegger, Berlioz (qui disait de lui : c’est un maître pianiste foudroyant), Liszt (qui le considérait comme le meilleur organiste du monde) et le violoniste Sarasate, de qui il profita de précieux conseils. En 1871, il fonde la Société Nationale de Musique, dont la devise est « Ars Gallica », et dont l’objet est la défense de la musique instrumentale française. Dans un article paru dans « Le Voltaire » en 1880, Saint-Saëns explique pourquoi il a créé cette société : « Un compositeur français, qui avait l’audace de s’aventurer sur le terrain de la musique instrumentale, n’avait d’autre moyen de faire exécuter ses œuvres que de donner lui-même un concert, d’y convier ses amis et les critiques. Quant au public, il n’y fallait pas songer ; le nom d’un compositeur, à la fois français et vivant, imprimé sur une affiche, avait la propriété de mettre tout le monde en fuite. Les sociétés de musique de chambre, nombreuses et florissantes alors, n’admettaient sur leurs programmes que les noms resplendissants de Beethoven, Mozart, Haydn et Mendelssohn, quelquefois Schumann pour faire preuve d’audace. Il fallait vraiment, en ce temps-là, un entêtement singulier pour écrire de la musique… ». Sur les conseils de son médecin, Saint-Saëns va passer l’hiver 1873 sous des climats plus propices à son état de santé. Il choisit Alger. Ce voyage marque profondément le compositeur et ce pays va rester constamment présent à son esprit. Il y retournera 17 fois, découvrant une musique et un monde nouveau, qu’il va à son tour faire découvrir à travers ses partitions, ses peintures et ses récits. Le 3 février 1875, Saint-Saëns épouse Marie Truffot. Le mariage ne fut point heureux. Le 28 mai 1878, l’aîné de leurs 2 enfants, André, âgé de 2 ans ½, se tue en tombant d’une fenêtre du 4e étage de leur appartement parisien. Le 7 juillet suivant, c’est le cadet, Jean-François, âgé de 7 mois, qui le rejoint dans la tombe. Cette double disparition provoque chez Saint-Saëns une grave dépression. Le réconfort ne viendra pas du côté de sa femme, qu’il quittera peu de temps après, mais de sa mère qui, malgré son âge, fait preuve d’une grande énergie. Il reprend petit à petit le dessus, et recommence à travailler, car c’est sur le travail qu’il compte, pour essayer de compenser cette détresse. A 46 ans, il est élu membre de l’Institut de France. Fin 1888, il est cruellement affecté par la disparition de sa mère. Se refermant sur lui-même, il devient indifférent à tout, cherchant dans la solitude, la paix de l’âme et le repos du corps. Il songe même au suicide. Ses voyages sont de plus en plus nombreux ; il envisage de quitter Paris définitivement, de fuir la vie mondaine pour, dit-il, « se débarrasser enfin de tous ces tracas et de toutes ces promesses hypocrites », car Saint-Saëns ne compte pas que des amis. L’exemple de Samson & Dalila est significatif. Achevé en 1868, cet opéra a été refusé pendant 24 ans par les directeurs de l’Opéra de Paris. Ce n’est en effet qu’en 1892 que le public parisien l’accueille : c’est plus qu’un succès, c’est un triomphe. Cette même année, Saint-Saëns est Président d’honneur de la Société des Beaux-Arts, des Sciences & Lettres d’Alger. En 1897 à Dieppe, on crée à sa mémoire un musée, auquel il apporte ses manuscrits, sa collection de tableaux, des objets d’art, sa correspondance qui, soit dit en passant, est estimée à plus de 15000 lettres… Docteur Honoris Causa des universités de Cambridge et d’Oxford, l’Angleterre le nomme, en 1902, Commander of the Victorian Order. Le 27 octobre 1907, au Théâtre de Dieppe (situé… place Camille Saint-Saëns !), on inaugure sa statue. Inaugurer la statue de quelqu’un, de son vivant, est un honneur exceptionnel – réservé jusqu’ici à Voltaire et à Buffon. A cette occasion, on attend de lui un long discours. Au lieu de cela, il se lève et déclare aimablement : « Puisqu’on n’élève des statues qu’aux morts, c’est donc que je suis mort. Alors permettez-moi de garder le silence ! » … et il se rassoit en souriant. En 1913, il est élevé au rang de Grand-Croix de la Légion d’Honneur. C’est la plus haute dignité de cet ordre. 1920 : Saint-Saëns a maintenant 85 ans. Si ses jambes le font beaucoup souffrir, quoique plaisante-t-il, elles lui permettent encore d’attraper une tortue à la course, ses mains et ses doigts vont tout à fait bien. Ils lui permettent de soutenir une intense activité. « J’ai envie de faire une tournée en mettant sur les affiches : le pianiste le plus âgé du monde. J’avais commencé par être le plus jeune quand j’ai donné mon 1er concert en 1846 ». Le 4 décembre 1921, il effectue son 18e voyage en Algérie. Ce sera le dernier. Il meurt le 16 décembre à Alger. Des funérailles officielles y ont lieu le 19 décembre. Sa dépouille est ramenée en France, et de grandioses obsèques nationales sont célébrées le 29 décembre à l’église de La Madeleine à Paris, puis Saint-Saëns rejoint dans le tombeau du cimetière du Montparnasse sa mère et ses enfants qu’il avait tant aimés.

Sarasate : Pablo de Sarasate (Martín Melitón Sarasate y Navascués) est né à Pampelune le 10 mars 1844. Il commence le violon à 5 ans, fait son 1er concert à 7 ans puis poursuit ses études à Madrid et au Conservatoire de Paris (classe de Alard) où il obtient un 1er prix (1857). Sa technique et son style firent de lui un des violonistes les plus connus de tous les temps. En tant que compositeur, il laisse des œuvres dont les plus connues sont les Airs bohémiens, Fantaisie sur Carmen (de Bizet)… Il joua sur le Ruby (Stradivarius de 1708, joué ensuite par Josefowicz et Repin), le Boissier (Stradivarius de 1713 que Sarasate légua au Conservatoire de Madrid), le Pablo de Sarasate (autre Stradivarius de 1713), le Sarasate (Stradivarius de 1724, offert par la Reine Isabelle d’Espagne alors qu’il n’avait que 10 ans, et qui appartient aujourd’hui au Musée de la Cité de la Musique à Paris) et le Guarnerius del Gesù (de 1742) ayant appartenu à David, et plus tard à Heifetz. Sarasate est mort à Biarritz le 20 septembre 1908. Dédicataire de la Symphonie espagnole et du Concerto n° 1 en Fa de Lalo, du 2e Concerto et de la Fantaisie écossaise de Bruch, du Rondo Capriccioso, des 1er et 3e concertos de Saint-Saëns (qui disait de lui : « Si ma musique pour violon a eu tant de succès, c’est bien à lui que je le dois, car il a été un moment le violoniste le plus en vue du monde entier), du Concerto n° 2 de Wieniawski, des Variations pour violon & orchestre de Joachim…

Schmitt Florent : né le 28 septembre 1870 à Blâmont. Inscrit dans les classes de Lavignac, Gédalge, Massenet et Fauré au Conservatoire de Paris. 1er Grand Prix de Rome (1900). Professeur d’harmonie et directeur du Conservatoire de Lyon (1921). Membre de l’Institut (1936), où il succède à Dukas. Président de la Société Nationale de Musique (1938). Commandeur des Arts & Lettres lors de la 1ère promotion dans cet Ordre (1957). Grand Prix Musical de la Ville de Paris (1957). Commandeur de la Légion d’Honneur. Mort le 17 août 1958 à Neuilly-sur-Seine. Auteur de Habeyssée, Scherzo vif (1910) pour violon & orchestre, Légende (1918) pour violon (ou alto ou saxophone) et orchestre.

Schubert : Franz Peter Schubert est né à Lichtental, près de Vienne, le 31 janvier 1797. Son père eut 14 enfants d’un premier mariage et 5 d’un second. Bon violoncelliste, il s’aperçoit très vite des dons musicaux exceptionnels que possède son fils. Aussi, lui enseigne-t-il le violon puis l’orgue, le piano, le chant et l’harmonie, mais lui interdit toute ambition musicale ; considérant qu’il ne peut exister d’avenir dans ce milieu, il veut former le jeune Franz à son image, et en faire un instituteur. Heureusement, la Chapelle Impériale ouvre ses portes au petit Schubert, à la suite d’un concours brillamment réussi. Une éducation complète – et gratuite – lui sera dispensée de 1808 à 1813. Il n’a que 12 ans lorsqu’il commence à composer. Ses amis et maîtres – parmi lesquels Salieri – sont impressionnés par ses talents. Mais le destin le ramène à son père. En effet, pour échapper au service militaire, qui dure environ 10 ans à cette époque, il passe un diplôme d’enseignant et occupe un poste de professeur auxiliaire dans l’école paternelle. Ce n’est qu’en 1818 qu’il quitte cette école. Jusqu’à son dernier jour, Schubert mène une vie de bohème, qu’il accepte d’ailleurs avec la plus grande philosophie. Ses seules ressources sont la générosité de ses amis et le peu d’argent que lui rapportent quelques-unes de ses œuvres, publiées par de trop rares éditeurs. Le 19 novembre 1828, il meurt à Vienne, officiellement du typhus, et est enseveli au cimetière Währing, non loin de Beethoven, ainsi qu’il le souhaitait. Toute sa vie, il a souffert d’un complexe d’infériorité. Petit, trapu, ventru, une chevelure crépue, un nez camus, des lèvres épaisses, ses célèbres lunettes de myope, bref, un physique ingrat, et ses faibles moyens d’existence lui ont procuré une profonde mélancolie qui l’a rongé secrètement. Ainsi, la musique aura également été pour lui un refuge et une consolation. Quelques grandes premières : tout d’abord en 1839 : la « Symphonie en Ut » (découverte par Schumann), dirigée par Mendelssohn. 1854 : l’opéra « Alfonso & Estrella », sous la direction de Liszt. 1865 : la « Symphonie inachevée »… Une grande partie de son œuvre fut découverte en 1867, soit près de 40 ans après sa mort ! Rappelons-en l’essentiel : 5 opéras, 10 symphonies, 64 choeurs, 6 messes, plus de 600 lieder, 49 menuets, 19 quatuors, 23 sonates pour piano, 4 pour violon et piano…

Schumann : né à Zwickau (Saxe) le 8 juin 1810, Robert Alexander Schumann commence l’étude du piano à 7 ans mais, contrairement à la plupart des grands compositeurs, il ne montre aucun don exceptionnel. C’est en entendant La Flûte Enchantée de Mozart, à 9 ans, qu’il s’intéresse réellement à la musique, et à 12 ans, il compose même de petits morceaux. Il étudie le droit à l’Université de Leipzig en 1828, mais il consacre beaucoup plus de temps à la musique et à la littérature qu’à ses études. Son professeur de piano est Friedrich Wieck, son futur beau-père. C’est partir de cette époque qu’il commence à souffrir d’une maladie héréditaire (sa mère était hypersensible, son père – mort deux ans auparavant – souffrait de troubles mentaux ; cette même année, une de ses sœurs – invalide physique et mentale – se suicida…). En 1829, il s’inscrit à l’Université de Heidelberg, tout en délaissant de plus en plus ses études de droit qu’il décide finalement d’abandonner, ses premiers concerts l’encourageant à se consacrer exclusivement à la musique (1830). En essayant de muscler et d’assouplir ses doigts avec un appareil de son invention, il provoque une paralysie définitive de 2 doigts de la main droite. Sa carrière de virtuose s’arrête là. Il s’oriente vers la composition et la critique musicale. En 1834, il fonde la revue musicale Neue Zeitschrift für Musik, qu’il dirigera jusqu’en 1844. 1835 voit le début d’une lutte de 5 ans avec son ancien professeur Friedrich Wieck. Celui-ci refuse qu’il épouse sa fille Clara, jeune pianiste virtuose de 16 ans. Une décision de justice autorisera leur union en 1840 (ils auront 8 enfants). En 1843, Schumann est nommé professeur de piano et de composition au nouveau Conservatoire de Leipzig fondé par Mendelssohn. Hélas, médiocre pédagogue, il donne sa démission au bout d’un an et demi, et part pour Dresde, où il est atteint d’une très grave crise de dépression. En 1850, il participe à la fondation de la Bach Gesellschaft, et est nommé Directeur de la musique à Düsseldorf, mais il se révèle aussi mauvais chef d’orchestre que professeur. Sa maladie empire : troubles nerveux, psychiques, auditifs, étourdissements… Le 27 février 1854, sujet à des hallucinations, il se jette dans le Rhin. Sauvé par des pêcheurs, il est interné dans l’asile d’Endenich, près de Bonn, jusqu’à la fin de ses jours. Il reçoit de temps à autre les visites de Brahms et de Joachim. Les médecins n’autoriseront sa femme à lui rendre visite que peu de jours avant sa mort, survenue le 29 juillet 1856. Pour le violon, il a écrit un Concerto (1853), 2 sonates (1851), 3 Quatuors à cordes (1842)…

Scott Cyril : né à Oxton le 27 septembre 1879. Elève de Uzielli et d’Humperdinck, puis de Knorr (piano et composition). Surnommé le « Debussy anglais », il écrivit 2 concertos pour violon (1927 et 1935), une Sonata melodica pour violon & piano (1951), 4 quatuors et 2 trios à cordes, la suite « Impressions of the Jungle Book » d’après Kipling… Il est également l’auteur d’une centaine de pièces pour piano au parfum exotique : Danse nègre, Sérénade chinoise, Danse russe, Sphinx, Suite indienne, Danse espagnole… et Lotus Land. Cette dernière fit l’objet d’un célèbre arrangement pour violon & piano de Fritz Kreisler. Scott est mort à Eastbourne le 31 décembre 1970.

Sibelius Jean (Johan Julius Christian) : né le 8 décembre 1865 en Finlande, à Hämeenlinna/Tavastehus. Ayant d’abord fait des études de droit, il décide de s’orienter vers une carrière musicale. Il entre au conservatoire d’Helsinki (qui n’est autre que l’actuelle Académie Sibelius) où il suit les cours de Wegelius. En 1889, il étudie le contrepoint dans la classe de Becker à Berlin. Il est à Vienne la saison suivante, et complète sa formation musicale avec les professeurs Fuchs (pour la théorie) et Goldmark (pour l’instrumentation et la composition). Ses premières œuvres, publiées pour la 1ère fois en 1888, connaissent un succès immédiat, et en 1892, Robert Kajanus (1856-1933), grand compositeur finlandais, chef d’orchestre, chef de chœur, fondateur de l’Orchestre Philharmonique d’Helsinki, professeur à l’Université d’Helsinki et à l’Académie Royale de Stockholm… décide d’arrêter de composer pour devenir l’interprète des œuvres de Sibelius. Celui-ci est, en 1893, professeur de violon et de théorie musicale au conservatoire d’Helsinki. C’est également cette année-là qu’il compose la suite « Karelia ». Quatre ans plus tard, il reçoit de l’Etat une pension à vie, afin qu’il se consacre exclusivement à la composition. En 1904, il s’installe à Järvenpää (près d’Helsinki), qu’il ne quittera pratiquement plus. Il effectue plusieurs voyages à l’étranger, notamment en Angleterre et aux Etats-Unis. Il enseigne même, pendant une brève période, au conservatoire de Boston. Autre hommage de la Finlande, qui décide de faire du 8 décembre 1915 un jour de fête nationale, pour le 50e anniversaire de Sibelius. Il meurt le 20 septembre 1957 à Järvenpää, âgé de près de 92 ans. Au moment exact de sa mort, l’Orchestre d’Helsinki était en train d’interpréter une de ses symphonies. Il laisse un opéra, 7 symphonies, de grandes œuvres pour chœur et orchestre, 4 légendes d’après les mythes du « Kalevala », cette fastueuse épopée nationale, plusieurs poèmes symphoniques (dont « Finlandia », écrit en 1899 et révisé en 1900), 120 compositions pour piano, une centaine de mélodies, 2 sérénades et le célèbre Concerto en Ré mineur op.47 pour violon. Ecrit en 1903, il fut créé en février de l’année suivante par Viktor Novácek (violoniste tchèque, professeur de violon à l’Académie de Musique d’Helsinki) sous la baguette du compositeur en personne. Mais l’accueil que le concerto reçut fut pour le moins défavorable. On a dit qu’il était trop difficile, ou que le soliste n’était pas à la hauteur… Toujours est-il que Sibelius le retire immédiatement pour le réviser complètement. En octobre 1905 à Berlin, il est recréé – avec succès cette fois – par le violoniste Karol Halir, sous la direction de Richard Strauss. Le producteur de disques Jacques Guillaubez l’a défini ainsi : « C’est le concerto obligé des grands interprètes. Il a été écrit pour le violon par un violoniste. La virtuosité n’est jamais gratuite et sert à merveille la mélodie ».

Strauss : Richard Georg Strauss est né à Münich le 11 juin 1864. Son père (1er corniste au Théâtre de la Cour de Münich, puis à la Cour du Roi de Bavière) l’initie à la musique. Benno Walter (un cousin) lui donne ses premières leçons de violon en 1870. Après de solides études secondaires, il s’inscrit en Philosophie et Histoire de l’art à l’Université de Münich, jusqu’en 1883, mais à aucun moment il n’interrompt sa formation musicale : théorie, composition, instrumentation, musique de chambre… En 1885, il est remarqué par Hans von Bülow, qui lui demande de lui succéder en tant que chef de l’orchestre de Meiningen. Il fait aussi la connaissance de Brahms. L’année suivante, il est chef assistant de l’Opéra de Münich puis, en 1889, à la Cour de Weimar. Directeur des concerts philharmoniques de Berlin (1892), chef de l’Opéra de Münich (1896), puis de l’Opéra de Berlin (1898), sa réputation de chef d’orchestre s’étend à travers l’Europe : l’Allemagne d’abord, puis l’Italie, la Grèce, la France, l’Autriche, l’Egypte, les Etats-Unis, l’Amérique du Sud… Maître de chapelle à la Cour de Berlin (1908), il se consacre surtout à la composition à partir de 1910. De 1917 à 1920, il est nommé Professeur à l’Académie de Musique de Berlin, puis Directeur de l’Opéra de Vienne, de 1919 à 1924. Son opéra La Femme silencieuse (1934), écrit en collaboration avec Stefan Zweig (un écrivain juif), va le mettre à l’écart durant le régime nazi. Il doit renoncer à toute fonction officielle, et s’installe à Garmisch-Partenkirchen (Bavière). En 1945, il prend définitivement sa retraite et se retire en Suisse. Il meurt à Garmisch-Partenkirchen le 8 septembre 1949. Ses œuvres pour violon : un Concerto en Ré mineur op. 8 (achevé en 1882), une Sonate en Mi b Majeur op. 18 pour violon & piano (1887).

Stravinsky : Igor Feodorovitch Stravinsky est né le 17 juin 1882 (le 5 juin du calendrier julien) à Oranienbaum, près de Saint-Petersbourg. Son père, célèbre chanteur d’Opéra, l’autorise à prendre ses premières leçons de piano à l’âge de 9 ans, mais l’oblige à continuer ses études générales (il obtiendra à 23 ans son diplôme de droit à l’Université). De 1905 à 1908, il suit les cours de composition de Rimsky-Korsakov, qui est alors Directeur du Conservatoire de Saint-Petersbourg. C’est sur la recommandation de ce dernier qu’en 1908 est jouée pour la première fois en public sa 1ère œuvre majeure : la Symphonie en Mi b. Mais progressivement, ses compositions vont perdre l’influence de Rimsky-Korsakov, particulièrement avec Le Sacre du Printemps, Le Rossignol… Dans ses mémoires, il écrivit : « Peut-être que Le Rossignol prouve simplement combien j’avais raison de composer des ballets, puisque je n’étais pas encore prêt pour l’opéra… ». Ce 1er opéra (écrit d’après un conte d’Andersen) date de 1914, et si Stravinsky est certes considéré comme un « géant » du ballet, sa contribution à l’opéra aussi est importante. En effet, bien d’autres opéras vont suivre Le Rossignol : L’Histoire du soldat (1918, opéra où l’on ne chante pas, l’histoire devant être lue, jouée et dansée), Renard (1922, basé sur des contes populaires russes), Mavra (1922, livret de Kochno d’après Pouchkine), Œdipus Rex (1927, révisé en 1948, livret de Cocteau d’après Sophocle), Perséphone (1934), The Rake’s Progress (Le Libertin, 1951), The Flood (1962)… Il passe les années de la Grande Guerre en Suisse, et ne peut retourner en Russie à cause de la Révolution de 1917 (ce n’est qu’en 1962, à 80 ans, qu’il effectuera un voyage triomphal dans son pays natal). Etabli à Paris avec sa famille en 1919, il obtient la nationalité française une quinzaine d’années plus tard, puis effectue de nombreuses tournées en Europe et en Amérique durant lesquelles il dirige ses œuvres. En 1939, il s’installe aux Etats-Unis et se fait naturaliser américain en 1945. Parmi les nombreuses autres œuvres qu’il laisse, citons 4 Symphonies, Feu d’artifice (1907), L’Oiseau de Feu (commandé par Diaguilev et créé à l’Opéra de Paris en 1910. En 1919, définissant lui-même son œuvre comme « une bouillabaisse trop laborieusement cuisinée », le compositeur décide de la remanier pour en révéler un autre « Oiseau de Feu », considéré comme son 1er véritable chef-d’œuvre et où sa personnalité se révèle réellement. Cette version sera une fois encore révisée en 1945), Ragtime (1918), Petrouchka (1911, révisé en 1947), Le Sacre du Printemps (1913, révisé en 1947), Symphonie pour instruments à vent (1920 à la mémoire de Claude Debussy), Le Chant du Rossignol (créé à Paris en 1920, décors et costumes de Matisse), Pulcinella (créé également à Paris la même année, décors et costumes de Picasso), Concerto pour piano (1922, révisé en 1950), Noces (1923), Le Baiser de la Fée (1928, révisé en 1950, dédié à Tchaikovsky), Concerto pour violon (1931), Concerto pour 2 pianos (1935), Jeux de cartes (1937), Orpheus (1948), Agon (1957)… Stravinsky est mort le 6 avril 1971 à New-York.

Szymanowski Karol : compositeur polonais né le 6 octobre 1882 à Tymoszówska (ou Tymoshovska, en Ukraine). Etudia la composition (classe de Noskowski) et la théorie (classe de Zawirski) à Varsovie. Etabli quelques temps à Berlin (1906), puis Vienne (1912), et Varsovie (1919). Directeur du Conservatoire de Varsovie (1926). Mort de la tuberculose à Lausanne, le 29 mars 1937. Ecrivit pour le violon les œuvres suivantes : Sonate pour violon & piano (1904), Romance (1910), Nocturne & Tarentelle (1915), Mythes pour violon & piano (dont est issue la célèbre Fontaine d’Aréthuse, 1915 également), 4 Cappriccios de Paganini (1918), La Berceuse d’Aitacho Einia (1925), 2 concertos pour violon et orchestre (1916 et 1933).

T

Takemitsu : né Né le 8 octobre 1930 à Tokyo, Toru Takemitsu étudie la composition sous la direction de Yasuji Kiyose (1948). Il se fait connaître en 1957 pour son Requiem pour cordes, commandé et joué par l’Orchestre Symphonique de Tokyo. Ses œuvres obtiennent de nombreuses récompenses : 1er Prix du Concours de Musique Contemporaine pour Le Son Calligraphié, Prix Italia du Concours de Radio-diffusion pour Tableau Noir, Prix d’Encouragement au Festival d’Art Japonais pour Solitude Sonore, Prix de l’Ambassadeur d’Allemagne aux Festivals de Musique Contemporaine de Tokyo (pour Requiem) et d’Osaka (pour Ring), 5e Prix au Rostrum International des Compositeurs (UNESCO) pour Coral Island, Prix d’Excellence au Rostrum International des Compositeurs pour Textures (1965), Prix des Critiques Musicaux de la Côte Ouest pour Dorian Horizon (1967). Membre honoraire de l’Académie des Arts (Allemagne de l’Est – 1970), Compositeur de la Semaine Internationale de Musique Contemporaine à Paris (1971), Prix Otaka (1976), Compositeur résident au Festival des Arts de Californie (1981), puis au Festival de Musique du Colorado (1983), Membre honoraire de l’Académie Américaine et de l’Institut des Arts & Lettres (1984), Chevalier des Arts & Lettres (France – 1985), Prix Asahi (1985), Grand Prix de la Musique de Kyoto (1988), Grand Prix International du Japan Inter Design Conference Prize, Grand Prix de Musique Hida-Furukawa (1989), Prix International Maurice Ravel (1990)… Toru Takemitsu est mort le 20 février 1996 à Tokyo. Il travaillait à la rédaction de son 1er opéra. Le chef d’orchestre Seiji Ozawa a déploré que la mort ait frappée le musicien au moment où il se lançait dans ce projet. Ozawa, qui fut l’un de ses premiers fidèles interprètes a ajouté : « Nous devons remercier Monsieur Takemitsu pour avoir su introduire la musique chère au cœur des Japonais dans le monde entier ».

Tartini : Giuseppe Tartini est né le 8 avril 1692 à Pirano, près de Trieste. Élevé chez les religieux de Capodistria, il entre ensuite à l’université de Padoue (1708) où il étudie le droit, la théologie, la philosophie et la littérature. Passionné de mathématiques et d’astronomie, il acquiert également une réputation de violoniste et d’escrimeur de 1er ordre. En 1710, il se marie en secret avec la nièce du cardinal Cornaro, Elizabeth Premazore. Trois ans plus tard, le cardinal apprend ce mariage. Furieux, il envoie sa nièce au couvent et ordonne l’arrestation de Tartini, qui réussit à s’enfuir, déguisé en moine. Réfugié au monastère Saint-François d’Assise, il fait la connaissance du Père Boeme et du musicien tchèque Ceznohorsky, qui l’aident à se perfectionner dans l’art du violon et de la composition. Malgré les précautions dont il s’entoure (lors des concerts qu’il donne, par exemple, il joue toujours caché derrière un rideau), il est surpris et reconnu par des concitoyens lors d’une cérémonie. Ceux-ci lui apprennent que le cardinal a cessé de le poursuivre (1716). Il peut donc rentrer à Padoue et retrouver sa femme. Après un court séjour à Crémone, où il bénéficie des conseils de Gasparo Visconti, il devient 1er violon-solo et chef de l’Orchestre de la Basilique Saint-Antoine de Padoue (1721). Il occupera ce poste jusqu’à la fin de sa vie, à l’exception d’une courte période : de 1723 à 1726, à la suite de l’invitation personnelle de l’Empereur Charles VI pour son couronnement, il est engagé à Prague par le comte Kinsky, chancelier de Bohême. Rentré à Padoue, il fonde en 1728 la Scuola delle Nazioni qu’il ne quittera pas, malgré des propositions somptueuses qui lui sont faites par la France, l’Angleterre et l’Allemagne. Cette Ecole des Nations va compter de très nombreux étudiants de toute l’Europe ; parmi eux, deux noms connus de tous les violonistes : Nardini et Pugnani. A la demande du Pape Clement XII, il écrit un Miserere, qui sera interprété en 1768 en la Chapelle Sixtine de Rome. On doit à Tartini une importante évolution technique, particulièrement de l’archet, qui devient plus léger et plus long. Il joua sur un Stradivarius de 1715 (baptisé plus tard le Lipinski, que possédèrent ensuite Joachim et Persinger). Tartini est mort à Padoue le 26 février 1770 des suites d’une longue maladie, léguant de nombreux objets personnels à la municipalité de Pirano, que celle-ci conserve dans son musée et ses archives (des manuscrits, des peintures… et un violon !). Une statue de Tartini fut érigée en 1896 au milieu de la place principale de Pirano, qui prit le nom de « Place Tartini ». Sur les 140 concertos, 187 sonates, 50 trios… ainsi que des ouvrages théoriques, comme l’Arte dell’ Arco (vers 1717), le Trattato di musica secondo la vera scienza dell’armonia (1754, traduit par Rousseau), De’ principi dell’ armonia musicale contenuta nel diatonico genere (1767), la majeure partie est perdue ou restée à l’état de manuscrit. Son chef-d’œuvre est incontestablement « Le Trille de Diable ». La légende qui entoure cette composition est rapportée par Jean-Jacques de Lalande dans son ouvrage « Voyage d’un Français en Italie, fait dans les années 1765 et 1766 » (Paris – 1769). Tartini raconte à de Lalande qu’une nuit de 1713, il fit un étrange songe. Pour un pacte avec lui, le Diable lui offrait l’exaucement de chacun de ses désirs. « Curieux de savoir si le Diable savait jouer du violon, j’entendis alors une sonate fantastique, interprétée avec une maîtrise telle qu’aucune oreille humaine n’avait certainement jamais rien entendu d’analogue auparavant. J’en eus le souffle coupé, à tel point que je me réveillai tout fiévreux et haletant. Immédiatement, je saisis mon violon et tentai par tous les moyens de reproduire cette musique, sans y parvenir. La sonate que je composai alors est sans doute ma plus belle œuvre. Je ne réussis cependant qu’à en faire une pâle imitation de ce que j’ai entendu cette nuit-là : le Trille du Diable ».

Tchaikovsky : né à Votkinsk (Kamsko) le 7 mai 1840 d’une famille aisée, Piotr Ilyitch Tchaikovsky eut une jeunesse relativement heureuse. Très vite, il se révéla un enfant intelligent, mais fragile et, déjà, hypersensible. Sa vie sentimentale fut tragique. Ses fiançailles avec Désirée Artot, puis son mariage catastrophique de 1877 avec Antonina Milioukova l’amenèrent peu de temps après à une tentative de suicide : un soir d’hiver, il alla « prendre un bain » dans la Moskova, dans le but d’attraper une pneumonie – tentative qui, comme la plupart de ses oeuvres jusqu’alors, fut un échec. C’est à ce moment de sa vie qu’il fait la connaissance d’une riche noble cultivée : Nadejda von Meck. Cette femme de 45 ans , veuve, ayant eu 12 enfants, fut pour Tchaikovsky une amie, une confidente mais aussi une conseillère et une protectrice grâce à qui il n’eut plus de souci matériel. Sa carrière professionnelle est marquée par un séjour au Conservatoire de Saint-Petersbourg puis de Moscou où il dirigea une classe d’harmonie. C’est à cette époque – au cours de laquelle il rencontra Rimsky-Korsakov – qu’il commença sérieusement à composer. Au total : 10 opéras, 6 symphonies, 1 concerto pour violon, 3 pour piano, 8 ouvertures symphoniques, 3 ballets (Le Lac des Cygnes, La Belle au Bois Dormant, Le Casse-Noisettes). Il disparut en pleine gloire, à Saint-Petersbourg sur un geste puéril de défi, pour braver le choléra qui ravageait son pays, il but de l’eau non stérilisée au robinet de sa cuisine : 4 jours plus tard, le 18 novembre 1893, il était mort.

Telemann Georg-Philipp : né à Magdebourg le 14 mars 1681. Environ un millier d’œuvres, parmi lesquelles 12 Fantaisies pour violon seul, 6 Sonates et 6 Sonatines pour violon & clavecin, 12 Solos pour violon (avec basse continue), un Concerto pour 4 violons, cordes & continuo, Die Relinge (pour violon principal, 3 violons, alto & continuo)… Mort à Hambourg le 25 juin 1767.

U

Uccelini Marco : né à Forlimpopoli vers 1603, il fut violoniste, compositeur, et prêtre. Maître de Chapelle à Modène (de 1647 à 1665) puis à Parme. Il introduisit l’usage de la 6e position de la main gauche. Serait le 1er à avoir écrit des sonates pour violon seul. Mort le 10 septembre 1680.

V

Vieuxtemps Henri : né le 17 décembre 1820 à Verviers (Belgique). Commença le violon à 4 ans avec son père, puis avec Charles de Bériot jusqu’en 1831. Etudia également le contrepoint avec Sechter à Vienne, et la composition avec Reicha à Paris. On dit qu’il réussit à jouer le concerto de Beethoven à 14 ans, après seulement 2 semaines de travail ! « Ce petit garçon deviendra un grand homme » a été une de ses premières « critiques » : elle est de Paganini. Schumann déclara d’ailleurs qu’il pouvait soutenir la comparaison avec Paganini lui-même. Berlioz, en entendant le 1er concerto de Vieuxtemps (interprété par son auteur) ne savait pas si on devait admirer le virtuose ou le compositeur… Professeur au Conservatoire de Saint-Petersbourg (1846), puis au Conservatoire de Bruxelles (succédant à Bériot, en 1871), il eut Ysaÿe et Hubay parmi ses élèves. Mort le 6 juin 1881. Son violon favori était un Guarnerius, mais il posséda aussi un Amati (don du Comte Wielhorsky), un Maggini (don d’un certain Wolkoff), et plusieurs Stradivarius : le Yardonoff (de 1682), le Berger (de 1700, ayant appartenu à Bériot), le Lvöf (de 1707, don du Général Lvof), le Hauser de 1710), le Vieuxtemps (de 1710, don du Comte Strogonoff) et le Camposelice (de 1710).

Viotti Giovanni-Battista (1755-1824). Elève de Pugnani (1770), qu’il accompagna en Europe lors de plusieurs tournées (Italie, Suisse, Allemagne, Russie). Donna son 1er concert à Paris en 1782, où il résida jusqu’en 1792. Accompagnateur de la Reine Marie-Antoinette. Chef d’orchestre. Crée en 1789 le Théâtre de Monsieur (futur Louis XVIII), appelé après la Révolution Théâtre Feydeau. Dut s’exiler en Angleterre (1792) où il fit la connaissance de Haydn, mais revint en France en 1802, date à laquelle il collabora à la réalisation de la méthode « officielle » de violon du Conservatoire. Collabora avec le célèbre archetier François Tourte, créateur d’un nouveau modèle d’archet. Considéré comme le meilleur violoniste de son temps et comme fondateur de l’école française de violon (Rode, Kreutzer, Alday figurent parmi ses élèves). Auteur 51 duos pour 2 violons, d’une sonate, de 29 concertos, dont certains inspirèrent Mozart, Beethoven, Brahms, Joachim, Kreisler. Sa carrière musicale se termina à 43 ans. Joua sur de nombreux Stradivarius : le Telaki (de 1690, qui sera dans les mains d’Ole Bull), le Beare (de 1704), le Marie Hall (1709, offert par l’Empereur d’Autriche), le Magaziner (1710), le Colossus (1716, qui appartiendra à Baillot puis à Thibaud), le Cooper (1718), le Milanollo (1728, joué ensuite par Paganini, Milanollo, Ferras, Amoyal) et les quatre Viotti : un Stradivarius de 1695 (qui fut rebaptisé le Sopkin), un de 1704, un de 1709, un de 1712 (appelé aussi le Hill. Ne pas confondre avec un autre Hill, de 1690, ayant appartenu à Auer).

Vitali : Tommaso Antonio Vitali est né à Bologne le 7 mars 1663. Son père, Giovanni-Battista (1632/1692), lui donne ses premières leçons de violon. Antonio-Maria Pacchioni (1654/1738) l’initie à la composition. A 12 ans, le jeune violoniste entre à la Chapelle du Duc de Modène. Celui-ci le nomme Directeur de son orchestre en 1707, poste qu’il conserve jusqu’en 1742. Vitali doit sa renommée à sa fameuse Chaconne en sol mineur, mais certains musicologues se demandent s’il en est réellement l’auteur. Compositeur, interprète, Vitali est également professeur. Predieri, Senallié et Dall’Abaco, célèbres musiciens de l’époque, comptent parmi ses élèves. Vitali est mort le 9 mai 1745 à Modène, où il passa l’essentiel de son existence ; son père y avait été nommé Vice-Maître de Chapelle du Duc en 1674 ; son fils, Fausto, y sera Maître de Chapelle de 1750 à 1776, perpétuant ainsi la tradition familiale.

Vivaldi : né à Venise le 4 mars 1678, Antonio Lucio Vivaldi commença l’étude du violon sous la direction de son père, Giovanni Battista (violoniste à la Chapelle San Marco) et de Legrenzi. Entré dans la carrière ecclésiastique à l’âge de 15 ans, il continua la pratique de son instrument préféré. Un document daté de 1704 nous apprend que son titre officiel était « Maestro di Violino di Choro » mais qu’en fait, il était appelé le « Maestro dei Concerti » et qu’il n’était pas qu’un simple instrumentiste… Ordonné prêtre à 25 ans (surnommé Le Prêtre roux), mais de santé fragile, il dut abandonner l’exercice de son ministère dès l’année suivante. Une légende affirme qu’il se vit interdire le droit d’officier parce qu’un jour, il interrompit brusquement une messe qu’il était en train de célébrer pour noter un beau thème de fugue qui venait de lui traverser l’esprit ! En 1711, il devint professeur de violon et en 1713, prit le titre de Maître des Concerts et de Compositeur Officiel de la Chapelle. Ses tâches comprenaient entre autre autres, le choix et l’achat des instruments, ainsi que l’obligation de composer au moins 2 messes par an et 2 motets par mois. Violoniste virtuose, organiste, compositeur d’une rapidité foudroyante, Vivaldi écrivit près d’une centaine d’opéras, 75 sonates, 23 symphonies, 454 concertos (plus de 240 pour violon)… On dit qu’il se vantait de composer un concerto plus vite qu’un copiste ne pourrait le reproduire. Après de nombreux succès à Venise, à Mantoue (où il fut de 1718 à 1720 « Maestro di Cappella da Camera » du Prince Filippo), à Rome (où le Pape fut émerveillé par son talent), à Vienne, à Prague… commença une période de voyages dans toute l’Italie, en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, durant laquelle son nom tomba peu à peu dans l’oubli. En 1740, il s’installa à Vienne, où il mourut l’année suivante, le 28 juillet, dans l’indifférence générale.

W

Walton William (Sir) : né à Oldham (Grande-Bretagne) le 29 mars 1902. Rendu célèbre par son Concerto pour alto (créé par Hindemith en 1929), à la suite duquel Jascha Heifetz lui commanda un Concerto pour violon (1939). Egalement auteur d’une Sonate pour violon & piano (1950). Parmi ses autres œuvres, citons 2 symphonies, un opéra, un concerto pour violoncelle, des ballets, des cantates, un Te Deum pour le couronnement (1953), et des musiques pour une douzaine de films (Henry V, Hamlet, Richard III…). Anobli en 1951. Mort le 8 mars 1983 à Ischia, près de Naples.

Wieniawski Henryk : compositeur et violoniste polonais né à Lublin le 10 juillet 1835. Elève de Serwaczynski à Varsovie, puis de Massart (de 8 à 13 ans) et de Lipinski. 1er Prix de Paris à 11 ans. Fit ses premiers concerts à 13 ans (Paris et Saint-Petersbourg) puis entra une nouvelle fois au Conservatoire de Paris pour étudier l’harmonie. Violoniste à la Cour du Tsar (Saint-Petersbourg, de 1860 à 1872). Spécialiste du staccato, qu’il exécutait avec une rapidité vertigineuse. Effectua plusieurs tournées avec Anton Rubinstein. Pour des raisons politiques, il partit aux Etats-Unis en 1872, où il donna plus de 200 concerts. Succéda à Vieuxtemps au poste de Professeur de Violon au Conservatoire de Bruxelles (1874), il eut Ysaÿe et Lichtenberg pour élèves. Effectua de nombreuses tournées à travers l’Europe (Prague, Budapest, Londres, Berlin…) Donna son nom à un Stradivarius de 1719 (qui appartiendra à Sevcik). Joua également sur 3 autres Stradivarius : le Schreiber (1712), le Rossi et le second Russe (1720), ainsi qu’un « Amati » (qui sera vendu à Jenö Hubay. Ce dernier l’identifiera comme un véritable « Pietro Guarnerius »). Mort à Moscou le 12 avril (31 mars selon le calendrier) 1880. Auteur de 28 œuvres pour violon, parmi lesquelles 2 concertos. « Souvenir de Moscou », « Ecole moderne » et son 1er concerto furent édités alors qu’il n’avait que 18 ans. Sur ses partitions, à certains passages difficiles, il mentionnait parfois en rouge : « Il faut risquer »

Y

Ysaÿe Eugène Auguste : né à Liège le 16 juillet 1858, il commence le violon à 7 ans sous la direction de son père, puis de Rodolphe Massart au Conservatoire de Liège. Renvoyé pour avoir critiqué l’enseignement qui y était dispensé, il y est réintégré grâce à l’intervention de Vieuxtemps, impressionné par les qualités du jeune Ysaÿe. Celui-ci obtient son 1er Prix en 1873, puis se perfectionne auprès de Wieniawski (Bruxelles-1873) et de Vieuxtemps (Paris-1877). « Konzertmeister » à Berlin (1879), où il suscita l’admiration de Joachim, il se fixe ensuite à Paris en 1883, où il se lie d’amitié avec d’Indy, Chausson, Fauré, Franck… En 1899, Saint-Saëns lui dédie son Quatuor n° 1 en Mi mineur. Il lui écrit : « C’est de mon côté qu’est toute la reconnaissance et je ne puis vous permettre de retourner ainsi les rôles. Vous interprétez merveilleusement mon quatuor, puisse-t-il ne pas vous paraître trop indigne de votre prestigieux talent. » Ysaÿe compose en 1901 un Caprice d’après l’étude n° 6 op. 52 en forme de valse de Saint-Saëns. Ce dernier l’entend à l’occasion d’un concert à Monte-Carlo en 1904. « Isaÿe (sic) joue mieux que jamais. Il ajoute au programme son caprice sur mon Etude en forme de Valse, qui est une extravagance, mais amusante par le tour de force qu’elle constitue. On dirait une araignée faisant du trapèze dans un plafond »… Fondateur du Quatuor Ysaÿe (1886) puis de l’Orchestre des Concerts Ysaÿe (1895) et de la Société des Concerts Symphoniques, professeur au Conservatoire de Bruxelles (de 1886 à 1898) puis au Conservatoire de Cincinnati (1918), il dirige le Symphonic Orchestra de Cincinnati (1918). De retour en Europe, en 1922, il est nommé Maître de la Chapelle Royale et Conseiller Musical de la Reine Elisabeth de Belgique. Ses partenaires se nomment Rachmaninov, Rubinstein, Haskil, Casals… Victimes de douleurs et de tremblements dans la main droite, amputé d’une jambe (1924), il se consacre à la composition et à l’enseignement (Bruxelles, mais aussi l’Ecole Normale à Paris). En 1937, il donne son nom à un prestigieux concours d’interprétation qui deviendra le Concours International de la Reine Elisabeth (1951). Ami de Tchaikovsky, Glazounov, Cui, Auer… il compta parmi ses élèves Thibaud, Enesco, Milstein… Auteur de 6 Sonates pour violon seul (publiées en 1924). Dédicataire de la Sonate de Franck (1886), de la Sonate de Lekeu (1892), Concert (1892) et Poème (1896) de Chausson, le Quatuor de Debussy (1893), Istar de D’Indy (1897), le Quintette n° 1 de Fauré (1906)… Ses violons étaient un Guarnerius del Gesù (joué ensuite par Isaac Stern) et un Stradivarius de 1732, l’Hercule, volé à Saint-Petersbourg en 1908 et qui n’a jamais été retrouvé (Ne pas confondre avec l’Hercule de 1734, violon d’Henryk Szeryng). Mort à Bruxelles le 12 mai 1931.

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