C. Boulier joue Georges Delerue

1) Présentation du DVD

– Musiques de films arrangées par Régis Boulier.
– Enregistrement du concert du 30/11/2011 au National Concert Hall de Taipei.
Orchestre : Academy of Taiwan Strings (Dir. art. : Sy-Joun Cheng)
Violon-solo et direction : Christophe Boulier
Piano : Wei-Lin Lynn-Chen

– Ce DVD fait suite au CD intitulé « Le Violon s’invite au cinéma » paru l’année précédente. Dans ce dernier, les oeuvres étaient arrangées pour violon/piano, et interprétées par différents professeurs et artistes ayant participé à l’Académie de Jeunes Solistes (Christophe Boulier, mais aussi Serge Hurel, Jean-Louis Caillard, Stéphane Delplace, David Duboc, etc.). Les oeuvres du DVD, par contre, sont toutes interprétées par Christophe Boulier, et l’accompagnement est réalisé pour un orchestre à cordes et un piano.

– A noter que ces oeuvres ont été créées le 12 juillet de cette même année, à Mézin, en présence de Madame Colette Delerue, de S.E.M. Michel Lu, et de Madame Macha Méril, marraine de la soirée (photo ci-contre).

2) Les œuvres

1) Dien Bien Phu de Pierre Schoendoerffer (1992), avec Patrick Catalifo, Donald Pleasance, Ludmila Mikael, Jean-François Balmer…
« Quand le scénario a été écrit, raconte le réalisateur, avant même de tourner, nous avons enregistré la musique. Georges Delerue a composé le Concerto de l’Adieu, magnifique, prémonitoire de ce que devait être l’âme du film. Un concerto est un dialogue entre l’instrument et l’orchestre. Dans le film, le violon est la voix de la France ; l’orchestre de Hanoï celle du Viêt-nam. La musique de Delerue, noble, rigoureuse, chargée d’émotion retenue, participe elle-même à un concerto plus vaste, dialogue avec la terrible musique de percussion que sont les bruits et les fureurs de la guerre…« 
Le 12 mars 1954, dotées d’une puissante artillerie, 5 divisions viêt-minh se lancent à l’assaut du camp retranché de Diên Biên Phu. Combattant à 1 contre 10, malgré une défense héroïque et l’envoi de renforts dans des conditions périlleuses, les Français sont rapidement à court de vivres, de munitions… L’évacuation des blessés est impossible, les conditions sanitaires sont épouvantables. Diên Biên Phu tombe le 7 mai, après 55 jours de siège. Les Français perdirent plus de 3000 hommes, le Viêt-minh le triple. Des milliers d’autres périrent durant les marches forcées et pendant leur internement du fait des mauvais traitements physiques et psychologiques infligés par leurs gardiens. Parmi les héros, il y eut des inconnus, des oubliés, dont le courage n’eut pour rançon que la souffrance, les blessures, la captivité, la maladie et la mort. Le courage, l’abnégation des soldats français et vietnamiens a fait dire au Maréchal De Lattre de Tassigny : « D’entreprise aussi désintéressée, il n’y en a pas eue pour la France depuis les Croisades ».
La conclusion du film, précède le générique de fin, est aussi de Pierre Schoendoerffer : « Ce film a été tourné moins de quarante ans après la bataille de Diên Bien Phu, au Vietnam, au Tonkin comme nous disions autrefois, avec les Vietnamiens et l’armée du Viêtnam. Ce fût une expérience bouleversante, pour eux comme pour nous. Refermons une page douloureuse de notre histoire, elle n’a de sens que si elle contribue à renouer des liens avec ce Vietnam que nous aimons, que j’aime ».

2) Interlude de Kevin Billington (GB-1968), avec Oskar Werner, Barbara Ferris, Donald Sutherland, et Virginia Maskell, qui remporta le NBR award (National Board of Review – Catégorie Best Supporting Actress – USA, 1968) pour ce film.
Dans ce premier long métrage de Billington, un célèbre musicien français (marié) en tournée, rencontre une jeune femme dont il tombe amoureux… Remake du film de Douglas Sirk « Les Amants de Salzbourg » (dont le titre original est « Interlude », de 1956), lui-même remake du film de John M. Stahl « Veillée d’amour » (titre original : « When tomorrow comes », de 1939).
Les critiques musicales ont mentionné un « Georges Delerue parfaitement à l’aise avec ce scénario d’un homme partagé entre épouse, maîtresse et travail, filmé en partie dans la magnifique campagne anglaise… Nul doute que l’introduction dans ce film d’extraits du répertoire classique, le personnage principal étant un musicien renommé, fut stimulante pour écrire cette partition ».

3) Rich in Love (L’Amour en trop) de Bruce Beresford (USA-1992), dernière partition de Georges Delerue.
Avec Albert Finney, Jill Clayburgh.
Charleston, Caroline du Sud. La vie de Lucille Odom, 17 ans, est bouleversée quand sa mère abandonne soudainement le foyer. Elle doit continuer ses cours au lycée, assurer les tâches ménagères et surtout veiller sur son père, qui sombre dans la dépression. Les choses se compliquent encore lorsque Rae, sa soeur aînée, débarque avec son mari Billy. De plus, Rae est enceinte, mais cette grossesse n’était pas souhaitée…

4) Mona, l’étoile sans nom de Henri Colpi (1966)
Scénario d’après Mihail Sebastian. Production : Argos/Cocinor/Studios Bucarest. Interprètes : Marina Vlady (Mona), Claude Rich (le professeur), Cristea Avram (l’amant)
Un professeur de mathématiques attend l’arrivée d’un train. En débarque une jeune femme qui n’a pas de quoi payer : le professeur la recueille chez lui pour une nuit. Il a découvert une étoile et lui donnera son nom : Mona. Mais le lendemain l’amant de Mona qui a retrouvé sa trace vient la reprendre.

5) La Cloche tibétaine de Michel Wyn et Serge Friedman (1973) TV
Avec Wolfgang Preiss, Gilles Béhat, Coluche, André Laurence, Philippe Léotard
Ce feuilleton retrace l’épopée de la Croisière Jaune, réalisée en 1931-1932 par Georges-Marie Haardt et son équipe, pour le compte d’André Citroën, qui souhaitait renouveler l’exploit de la Croisière Noire réalisé quelques années auparavant en traversant l’Afrique. Deux groupes, équipés des fameuses auto-chenilles, partent l’un de Beyrouth, l’autre de Tien-Tien, et traversent en un parcours de plus de 10 000 kilomètres parsemé d’embûches, une grande partie de l’Asie, la chaîne de l’Himalaya et le désert de Gobi.

6) Chère Louise de Philippe de Broca (1972). Nominé pour la Palme d’Or du Festival de Cannes.
Quadragénaire divorcée, Louise (Jeanne Moreau), fait la connaissance d’un jeune italien nommé Luigi (Julian Negulesco) et une tendre complicité naît entre eux. Luigi s’installe chez Louise, qui lui apporte, argent, éducation, et lui trouve du travail chez un marchand de cycles (Yves Robert). Elle s’attache peu à peu à ce jeune homme candide et infantile, quoique inconstant et amoral, et qui devient bientôt son amant. Mais Luigi perd son travail et Louise doit faire face à d’importants problèmes financiers pour continuer à l’entretenir.
Consciente de leur différence d’âge, elle l’incite à fréquenter des jeunes gens et des jeunes filles. Toutefois, quand Luigi invite à dîner Pauline, elle n’a de cesse durant tout le repas d’humilier son protégé et de provoquer la rupture. Ils reprennent leurs rapports, jusqu’au jour où Luigi fait la connaissance d’une richissime américaine, qui s’éprend de lui au point de vouloir l’épouser et de l’emmener avec elle aux Etats-Unis. Luigi demande alors à Louise de se faire passer pour sa mère afin de favoriser l’entreprise. Par amour, Louise fait taire sa jalousie et se prête au jeu. Mais à la suite d’une imprudence, leur secret est dévoilé. Ce nouvel échec persuade Luigi qu’il n’arrivera à rien. De plus, il découvre que Louise a été obligée de vendre ses bijoux pour l’entretenir. Honteux, il se sent obligé de la quitter. Louise pense alors au suicide…
7) Vivement dimanche de François Truffaut (1983)
Scénario, adaptation, dialogues : François Truffaut, Suzanne Schiffman, Jean Aurel, d’après le roman de Charles Williams « The long saturday night », Ed. Gallimard
Interprètes : Fanny Ardant (Barbara Becker), Jean-Louis Trintignant (Julien Vercel), Philippe Laudenbach (Maître Clément), Caroline Sihol (Marie-Christine Vercel), Philippe Morier-Genoud (Commissaire Santelli), Xavier St-Macary (Bertrand Fabre, photographe), Jean-Pierre Kalfon (Jacques Massoulier)
Un certain Massoulier est tué d’une balle dans la tête, à la chasse. Julien Vercel, directeur d’une agence immobilière, est accusé d’homicide car il chassait ce jour-là dans le même coin, connaissait la victime et a laissé ses empreintes sur la voiture de ce dernier. De plus, on découvre que la femme de Vercel, Marie-Christine, était la maîtresse du défunt. Et, comme par hasard, elle se fait assassiner peu de temps après, à son domicile.
8) Comme un boomerang
 de José Giovanni (1975), avec Alain Delon, Charles Vanel.
Un jeune drogué, dans un moment d’inconscience, tue un policier. Son père, Jacques Batkin (Alain Delon), riche industriel, met tout en oeuvre pour assurer sa défense et le faire libérer. Il essaie même de convaincre la veuve du policier de ne pas porter plainte et est sur le point de réussir. Mais celle-ci apprend par des journalistes que Batkin est un ancien gangster ayant fait de la prison. Il se heurte alors à l’hostilité générale et décide de faire évader son fils afin de la sauver, car ce dernier vient de faire une tentative de suicide dans sa cellule…
9) Thibaud, ou Les Croisades (Thème de Thibaud)
 de Joseph Drimal puis Henri Colpi (1968) feuilleton TV
Avec André Laurence, Raymond Meunier, Pierre Arditi, George Beller, Pierre Tornade…
A l’époque de la première croisade (1095-1107), le chevalier Thibaud, fils d’un baron chrétien et d’une mère arabe, et son fidèle écuyer Blanchot défendent les pèlerins dans le Royaume de Jérusalem…

10) La Révolution française (Exécution de Danton et Desmoulins) (1989) en 2 parties : Les Années lumière (de Robert Enrico) et Les Années terribles (de Richard T. Heffron).
Avec Klaus Maria Brandauer (Danton), François Cluzet (Desmoulins), Jean-François Balmer (Louis XVI)… Ce film historique, réalisé à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, bénéficia d’un important budget (France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, Canada) et fut également adapté pour la télévision, dans une version longue.
Les Années lumière regroupe les événements de 1789 jusqu’à l’assaut des Tuileries, lorsque le roi Louis XVI fut enfermé avec sa famille au Temple, le 10 août 1792. Les Années terribles regroupe les événements du 10 août 1792 à la fin de la Terreur, avec l’exécution de Robespierre.
11 et 12) Chouans ! (Thème chouan – Thème de Viviane)
 de Philippe de Broca (1988), d’après le roman de Balzac
avec Philippe Noiret, Sophie Marceau, Lambert Wilson, Stéphane Freiss, Jean-Pierre Cassel, Charlotte de Turckheim…
1793 : la Terreur s’abat sur la France, particulièrement depuis que Louis XVI a été guillotiné. En Bretagne, vivent Savinien de Kerfadec, comte ruiné par la Révolution, et ses trois enfants : Aurèle, fils naturel qui soutient le parti du Roi ; Tarquin, fils adoptif récemment nommé commissaire de la République ; Céline, enfant trouvée, également élevée par le comte en même temps que ses fils. Un amour impossible va ajouter à la guerre civile une guerre fratricide.

13) Le Jour du dauphin (Jack et Alpha) de Mike Nichols (1973)
d’après le roman de Robert Merle : Un animal doué de raison. La musique du film fut nominée aux Oscars et aux Golden Globes de 1974.
Sur une île qui sert à la fois de laboratoire et de zoo, Jake Terrell, savant biologiste, réussit avec l’aide de son épouse et de son équipe, à communiquer par la parole avec un des dauphins qu’il élève. Le jour où les animaux sont volés, Terrell part à leur recherche et découvre que le véritable but de la fondation qui finance ses recherches est d’assassiner le président des Etats-Unis, en se servant des dauphins sur lesquels ils auraient fixé une bombe… George C. Scott et Trish Van Devere, qui incarnent le couple Terrell à l’écran, se sont réellement mariés (1972).
14) 100 000 $ au Soleil d’Henri Verneuil (1964)
avec Jean-Paul Belmondo, Lino Ventura, Bernard Blier, Gert Froebe…
Rocco (Jean-Paul Belmondo), chauffeur d’une entreprise de transports du sud marocain, s’enfuit dans le désert au volant d’un camion flambant neuf chargé d’une cargaison aussi précieuse que mystérieuse. Son patron (Gert Froebe) charge Marec (Lino Ventura) de le rattraper…
 »Grâce à Georges Delerue, raconte Henri Verneuil, 100 000 $ au Soleil était déjà un film en couleurs… Ce ne serait plus le même film sans sa musique… Comme si la lumière du Sahara avait traversé la pellicule noir et blanc, comme si la partition avait redonné ses teintes, ses nuances au décor naturel. »
15) En bis, « Battle Caprice » ou Caprice américain pour violon seul.
Ecrit par Régis Boulier le 20 juillet 2011, il a été créé par le violoniste Christophe Boulier, frère du compositeur, à l’occasion du concert à Taipei le 30 novembre 2011. Les Editions Soldano ont fait paraître la partition en 2013 (Illustration : Céline Robert).
L’oeuvre originale, « The Battle Hymn of the Republic » est un chant patriotique américain dont le texte a été écrit par Julia Ward Howe en novembre 1861, à Washington, pendant la Guerre de Sécession. Il fut publié pour la première fois dans la revue The Atlantic Monthly (Vol. IX, N° 52) en février 1862 (qui l’acheta 5 dollars à son auteur !). William Steffe (1830-1890) s’est inspiré d’une mélodie traditionnelle (Glory, Hallelujah) pour en faire un hymne en 1855. Cet hymne a été interprété lors de nombreuses cérémonies officielles : les funérailles de W. Churchill (dont la mère était américaine), Ronald Reagan, Gerald Ford, John F. Kennedy… ainsi qu’à la mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001. Il a également été utilisé à la télévision et au cinéma, dans une cinquantaine de films.