Christophe Boulier à Taiwan
1) Présentation du CD
Enregistré au National Concert Hall (oct. 2009) et au Novel Hall de Taipei (oct. 2008), avec l’aimable autorisation de l’Academy of Taiwan Strings, Christophe Boulier est accompagné par l’orchestre de cette académie, ainsi que par la pianiste Agathe Lavaud, professeur à l’Ecole Nationale de Musique de Bobigny.
2) Composition du CD
Niccolo PAGANINI (1782-1840) : Le CONCERTO N° 1 en Ré Majeur (MS 21) a été composé en 1816. Cependant, il fallut attendre 1851 pour qu’il soit enfin édité. Il comporte trois mouvements : Allegro maestoso, Adagio espressivo, Rondo (allegro spirituoso). L’arrangement pour violon & orchestre à cordes de Régis Boulier a été achevé le 12 avril 2009. Il concerne la partie d’orchestre, la partie de soliste étant rigoureusement respectée. Cet enregistrement est une 1ère mondiale.
I PALPITI (les palpitations ou les battements de coeur) en La Majeur (MS 77). Il s’agit de variations sur le thème de « Di tanti palpiti » de Tancrède (opéra de Rossini) : Larghetto cantabile – Tema : andantino, variation I, variation II (un poco lento), variation III (quasi presto). Bien qu’achevée en 1819, on ne trouve pas de trace de cette oeuvre avant le 24 juin 1828, qui serait donc la date de sa création.
Les Caprices pour violon seul (MS 25) ont été achevés le 24 novembre 1817. « Encore plus redoutables que redoutés », selon la formule, ils ont inspiré de grands compositeurs, comme Schumann, Liszt, Brahms, Rachmaninov, Szymanowski, Tommasini… Paganini les a tout simplement dédiés « aux artistes ». Le CAPRICE N° 24 est un Tema quasi presto en La mineur, avec 11 variations et Finale. Il comporte les principales difficultés violonistiques comme le staccato volant (1ère variation), octaves (3e variation), tierces et dixièmes (6e variation), sauts de cordes (7e variation), accords brisés sur quatre cordes et arpèges (11e variation), etc. Christophe Boulier y ajoute même des pizzicati uniquement de la main gauche (9e variation).
Camille SAINT-SAENS (1835-1921) : Ecrite à l’origine pour violon & piano, LA HAVANAISE (op. 83 en Mi Majeur) fût achevée en septembre 1887. Elle est dédiée au violoniste cubain Raphaël Diaz-Albertini (1857-1917), originaire de La Havane, qui effectua avec Saint-Saëns une importante tournée en France en 1885. C’est au cours de cette tournée, à Brest, que fut conçu le thème principal de cette oeuvre.
LES CLOCHES DE LAS PALMAS est le titre de la 4e des « Six Etudes pour le piano – opus 111 ». Correspondance de Saint-Saëns à son éditeur : « Les Cloches de Las Palmas, qui reproduisent le carillon de la Cathédrale, ont ici un succès fou : on voulait en avoir des copies, mais je me suis refusé naturellement à cette fantaisie » (Las Palmas, lettre du 5 février 1899). Dans une autre lettre, envoyée de Las Palmas et datée du 4 janvier 1900, le compositeur écrivit : « A propos de celui-ci (il s’agit de Sarasate), on me dit qu’il aurait arrangé pour le violon – et joué à Londres avec grand succès – Les Cloches de Las Palmas ! Voilà qui me parait fabuleux. » Malgré de nombreuses recherches, cet arrangement de Sarasate n’a pas pu être retrouvé, sous quelque forme que ce soit. Régis Boulier a tenté de re-créer ce qu’aurait pu écrire le célèbre violoniste espagnol. La 1ère mondiale de cette nouvelle version pour violon seul a eu lieu le 26 novembre 2006 au Théâtre de Mézin. D’une difficulté extrême, elle est publiée aux Editions Combre (2008).
Lili BOULANGER (1893-1918) : Lili (il s’agit en fait de son surnom, son prénom étant Juliette-Marie Olga) Boulanger avait tout d’abord donné pour titre « Pièce courte » à cette oeuvre, avant de l’appeler NOCTURNE. Dédiée « à ma chère Marie-Danielle Parenteau », elle fut composée en 1911.
Ecoutez un extrait de Paganini
Revue de presse, critiques…
(Ce) CD du violoniste Christophe Boulier, est un bonheur sans fin pour mélomanes avertis ou débutants. Parfaitement enregistré au National Concert Hall et au Novel Hall de Taipei, ce disque rend compte des tournées taïwanaises 2008 et 2009. Le virtuose donne Paganini : Concerto n° 1 en ré majeur (l’arrangement pour violon et orchestre à corde est de son frère Régis), I Palpiti et le caprice n° 24 pour violon seul. Pour suivre, Camille Saint-Saëns avec La Havanaise en mi majeur et les cloches de Las Palmas (arrangement pour violon seul du même talentueux Régis Boulier), puis Nocturne de Lili Boulanger.
Christophe Boulier est-il au sommet de son art ? Il faut croire que non (écouter dans la discographie de l’artiste, le même concerto Paganini, enregistré en 1987 avec l’orchestre philharmonique de Monte-Carlo, qui déjà est d’excellente tenue). A force d’amour et de travail, l’homme progresse encore et toujours, atteignant aujourd’hui des niveaux de virtuosité à mon sens pas encore égalés. Heureuse France qui peut s’enorgueillir d’un tel musicien ! Au-delà des débats politiques sur une hypothétique identité nationale, on peut sans conteste être fier d’être un Français partageant le contemporain de cet humain. Par la grâce de son violon il nous enchante tant et tant, que le plus athée d’entre nous pourrait bien croire qu’il existe ici bas, un « ailleurs » divin.
Serge Menini (correspondant de presse)